Les trois chercheurs belges se sont demandé si la théorie de l’auto-détermination – prédominante depuis les années 2000 dans la réflexion universitaire sur la motivation des employés – suffisait vraiment, comme elle l’affirme, à expliquer tout ce qui faisait que chacun de nous se donne à fond, ou pas, dans son travail. Une interrogation légitime, me semble-t-il.
De fait, la théorie de l’auto-détermination stipule grosso modo que le moteur de la motivation réside dans la satisfaction de trois de nos besoins psychologiques fondamentaux. À savoir :
- Le besoin de compétence. C’est-à-dire la nécessité d’exprimer nos talents à leur plein potentiel.
- Le besoin de connexion. C’est-à-dire la nécessité d’interagir avec les autres.
- Le besoin d’autonomie. C’est-à-dire la nécessité de se sentir indépendant des autres.
Du coup, pour qu’un employé soit gonflé à bloc, il suffirait, d’après cette théorie, que ces trois besoins-là soient comblés. Il suffirait ainsi qu’il ait le moyen d’exprimer ses talents, d’interagir avec ses collègues et de se montrer autonome dans son travail pour qu’il soit le plus heureux des heureux au bureau.
Si l’on veut. Mais voilà, en en parlant ensemble, les trois chercheurs belges en sont restés perplexes : la satisfaction de ces trois seuls besoins psychologiques permet-elle vraiment à chacun d’accéder au nirvana ? Hum…
Pour s’en faire une idée, ils ont procédé à deux expériences. Dans un premier temps, ils ont demandé à 72 volontaires de bien vouloir rédiger quotidiennement leur «journal intime de travail», dix jours durant. Il s’agissait d’indiquer par écrit l’une des tâches auxquelles ils s’étaient attaqués au cours de la journée, celle de leur choix, puis de raconter comment ils s’y étaient pris pour tenter de l’accomplir. Enfin, il leur fallait remplir un questionnaire détaillé sur l’état de motivation qu’ils avaient eu à ce moment-là ainsi que les différentes émotions qui les avaient traversés.
Dans un second temps, 24 volontaires ont reçu, cinq jours durant, une série de courriels échelonnés tout au long de leur journée de travail (deux le matin et deux l’après-midi, à des horaires aléatoires). Ces courriels comportaient des questionnaires visant à déterminer la même chose que pour la première expérience, soit leur niveau de motivation et les émotions qui les étreignaient, mais là, au moment présent. Ils permettaient, de surcroît, de savoir ce qu’étaient en train de faire chacun des participants à l’instant-même où ils avaient reçu chaque courriel.
On ne peut plus simple, n’est-ce pas ? Et pourtant, l’air de rien, ces deux expériences ont permis aux trois chercheurs belges de faire des trouvailles remarquables, comme vous allez le constater :