Il adore les écrans du fumée... Photo: DR
BLOGUE. Soyons francs, nous sommes tous plus ou moins malhonnêtes au travail. Pensons à cet employé qui déploie des astuces incroyables pour dérober à son employeur du matériel de bureau (stylos, paires de ciseaux, etc.). À ce manager qui truque habilement ses résultats financiers pour faire croire qu'il a atteint les objectifs qui lui ont été fixés. Ou encore à ces équipes de direction de grandes entreprises qui complotent pour faire passer en notes de frais les pots de vin versés aux partis politiques (vous savez de qui je parle, j'imagine…).
Découvrez mes précédents billets
Suivez-moi sur Facebook et sur Twitter
La question est évidente : pourquoi agissons-nous de la sorte? Oui, pourquoi nous arrive-t-il de voler, de frauder, de mentir? Deux études complémentaires fournissent, à mon avis, une explication intéressante.
La première est intitulée Smokescreen: How managers behave when they have something to hide. Elle est le fruit du travail de trois professeurs de finance : Tanja Artiga Gonzalez et Markus Schmid, tous deux de l'Université de St-Gall (Suisse), ainsi que David Yermack, de l'École de commerce Stern à New York (États-Unis). Elle montre que ceux qui ont quelque chose à cacher utilisent toujours la même stratégie.
Les trois chercheurs se sont penchés sur une base de données concoctée en 2010 par le professeur d'économie industrielle de l'Université Purdue John Connor, portant sur les cartels internationaux mis en place depuis les années 1980 par les grandes entreprises un peu partout sur la planète. Une base de données prodigieuse puisqu'elle présente les moindres détails de quelque 650 cartels auxquels ont participé 2 115 grandes entreprises, tous secteurs confondus (pharmaceutique, agroalimentaire, etc.). Une base de données on ne peut plus fiable, vu qu'elle s'appuie sur les jugements de condamnation des tribunaux qui ont eu à statuer sur ces crimes économiques monumentaux.
Des cartels? Il s'agit grosso modo d'une entente illégale entre entreprises indépendantes les unes des autres dans l'optique de tirer un avantage commun au détriment d'autrui, bien souvent au détriment de leurs clients ou de l'État. Les exemples, vous le savez bien, sont à foison : cela fait maintenant des semaines qu'on parle à la Commission Charbonneau d'un "cartel des firmes de génie-conseil", qui se sont partagés entre eux les contrats de la Ville de Montréal et d'autres municipalités québécoises.