Par conséquent, on pourrait croire qu'il suffit d'être attentif aux voyants lumineux rouges qui s'allument systématiquement quand une entreprise se livre à une fraude au cartel. Mais la difficulté est justement de repérer ces voyants lumineux rouges, car l'équipe de direction adopte alors toujours la même stratégie, celle de l'écran de fumée.
L'écran de fumée? C'est une technique militaire vieille comme le mode : quand un soldat doit progresser sur un terrain plat, à découvert, il lui suffit de balancer devant lui des fumigènes pour devenir beaucoup plus difficile à viser et toucher, et à se ruer en avant pour en tirer un véritable avantage. Appliquée au domaine de la fraude financière, cela revient notamment à multiplier les corrections et les réécritures de tableaux comptables, à avoir un faible pour les chiens de garde myopes ainsi qu'à empocher ses gains plus vite que son ombre.
Autrement dit, les malfaiteurs prisent les zones opaques, et c'est d'ailleurs cela qui les trahit. Ce point est montré par la seconde étude, signée par Francesca Gino, professeure de gestion des affaires à Harvard (États-Unis), Chen-Bo Zhong, professeur de management à l'Université Rotman (Canada), et Vanessa Bohns, professeure de management à l'Université de Waterloo (Canada).
Il a été demandé aux participants à l'expérience de réfléchir sur 20 problèmes de mathématique, dans un temps limité. Plus on trouvait de bonnes raisons, plus on touchait d'argent. Cela étant, deux groupes ont été formés : l'un a été placé dans une salle à la luminosité normale, l'autre, dans une salle à la lumière tamisée.
Comme il s'agissait d'étudier la propension des gens à tricher, les participants devaient indiquer eux-mêmes le nombre de bonnes réponses qu'ils avaient trouvées. Aucune vérification n'était effectuée avant d'être rémunéré, et ils le savaient tous. Que s'est-il passé, à votre avis?