Ils ont, entre autres, analysé la situation lorsque les deux employés, X et Y, n'étaient pas des clones. C'est-à-dire quand X – le favori – est plus compétent que Y, ou encore, lorsqu'il l'est moins. Idem, ils ont observé ce qui se déroulait lorsque tout le monde – le manager, X et Y – savaient pertinemment que dans la boîte il y avait deux employés, V et W, qui étaient les plus à même de mener à bien les tâches A et B, mais étaient écartés d'office.
Résultats? Forts simples, dans le fond :
> Discriminer, oui mais... Le manager a toujours intérêt à céder au favoritisme, à moins que l'écart de compétences entre X et Y ne soit flagrant. Car sinon, l'impact sur la motivation des deux employés est dévastateur.
Maintenant, faut-il en déduire que le meilleur à faire pour un manager est de céder à la facilité en favorisant systématiquement ses chums? Non, bien sûr. Mille fois non.
En réalité, le point important de cette étude, à mon avis, est qu'un manager ne peut pas écarter, dans ses décisions, l'impact de celles-ci sur la motivation des membres de son équipe. Il doit même en faire un critère déterminant, pour ne pas dire premier. Sa priorité : ne surtout pas démotiver qui que ce soit.
Comment s'y prendre? Pas évident. Toutefois, les deux chercheurs néerlandais ont une suggestion qui me paraît intéressante :
> Mieux réfléchir aux tâches à accomplir. Le manager a tout intérêt à affiner la description des tâches A et B, en ayant en tête l'objectif d'en dégager les compétences nécessaires pour leur bon accomplissement. Cela l'aidera en effet à voir si la tâche A convient mieux à X ou à Y; même chose pour la tâche B. Par suite, il lui sera plus facile de faire le bon choix, et surtout de faire savoir à X et à Y les raisons de son choix. C'est que si X sent que la tâche A est plus dans ses cordes et, de la même façon, si Y sent que la tâche B correspond plus à ses talents, alors la motivation des deux ne sera nullement égratignée par l'annonce de la répartition des tâches.
Voilà. À vous de voir ce qui est le mieux pour vous. Et peut-être réussirez-vous à faire le tour de force de faire les choix que les autres attendent de vous sans pour autant miner le moral des uns et des autres.
En passant, le philosophe français Denis Diderot a dit dans Les bijoux indiscrets : «Les favorites du règne antérieur ne sont jamais les favorites du règne qui suit».
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