> Apparition d'une mauvaise habitude. Les poubelles qui n'ont plus bénéficié du service de ramassage quotidien ont vu leur quantité de déchets illégaux croître de 75%. C'est-à-dire que les gens ont vite pris la mauvaise habitude de déposer leurs saletés à côté des poubelles pleines, plutôt que d'en chercher une autre où il y aurait de la place.
> Apparition d'une bonne habitude. Incommodées par les déchets illégaux, les personnes vivant au voisinage des poubelles à problèmes se sont organisé pour effectuer elles-mêmes des ramassages. Autrement dit, ceux qui étaient directement confrontés aux nuisances ont trouvé le moyen, par eux-mêmes, d'y remédier.
C'est dans cette seconde trouvaille que tient, d'après moi, tout le sel de cette étude. Une bonne habitude est née là où personne ne l'attendait. C'est-à-dire que lorsqu'une mauvaise habitude voit le jour, il y a là aussi l'occasion d'en faire naître une bonne!
Reprenons, en appliquant tout ça au bureau… Vous êtes le manager d'une équipe et vous venez de noter l'apparition d'une mauvaise habitude. Par exemple, le fait que les uns et les autres sont de moins en moins ponctuels aux réunions.
Spontanément, la première idée qui vient est de le faire remarquer à tout le monde, de marteler le message que cela n'est pas correct, et au besoin, de sévir. Et de désormais veiller au grain à ce sujet. Cette réaction correspond, on le voit bien, à celle de la Ville face aux déchets qui traînent ici et là dans les belles rues : dire que ce n'est pas correct (messages sur les poubelles), sévir (amendes) et veiller au grain (services de ramassage quotidiens).
Pourquoi pas? Mais l'ennui, c'est que l'on dépense ainsi une énergie et des ressources folles, sans pour autant obtenir la moindre bonne habitude. Comme l'étude de MM. Dur et Vollaard l'a montré.
Une meilleure idée consiste à… lâcher prise! Oui, l'idéal pour le manager est alors de ne pas prendre en mains le problème lui-même, mais de laisser les membres de son équipe s'en charger eux-mêmes. Il suffit qu'il fasse réaliser à tous les nuisances dues aux retards des uns et des autres aux réunions (une suggestion : ne rien faire du tout tant que tout le monde n'est pas là, avec interdiction de prévenir en douce le retardataire (courriel, texto,…); chacun va trouver ce quart d'heure très très long!). Et son équipe va comprendre la leçon et trouver elle-même un moyen pour que chacun renoue avec la ponctualité. Mieux, elle en fera une nouvelle bonne habitude!
En passant, l'écrivain américain Mark Twain disait : «On ne se débarrasse pas d'une habitude en la flanquant par la fenêtre; il faut lui faire descendre l'escalier marche par marche».
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