> Le phénomène du P600 se produit bel et bien. C'est-à-dire que les participants réagissent mentalement à la bizarrerie de ces phrases comme ils réagissent face à une faute. Et cette réaction se traduit par une intense activité cérébrale, plus ou moins longue, qui se fait au détriment des autres activités normales du cerveau lorsque la personne dialogue avec autrui.
Quelle est cette "intense activité cérébrale", au juste? Les quatre chercheurs de l'Université de Groningue considèrent que le cerveau fournit dès lors un effort pour rendre cohérent ce que ne l'est pas. Autrement dit, nous cherchons à ce moment-là à reconstruire la phrase que l'autre a essayé de nous dire, en tentant de trouver par nous-mêmes les éléments manquants pour que tout cela se tienne. Et nous reformulons la phrase d'une autre façon, à notre manière.
Tout ce processus mental s'effectue en quelques centaines de millisecondes. Ce qui est prodigieux, on s'entend, mais ce qui explique, en fait, les malentendus auxquels nous sommes, vous et moi, si souvent confrontés. Voici ce qui se produit, étape par étape :
> La personne A formule une question alambiquée (du moins paraît-elle telle pour la personne B).
> B prend quelques centaines de millisecondes de plus que normal pour pallier les informations manquantes à la question posée.
> B répond à la question qu'elle croit qui lui a été posée, mais en vérité, elle répond à la question qu'elle a interprétée à sa façon.
> A s'étonne de la réponse fournie par B, car elle ne correspond pas du tout à ce qu'il avait anticipé.
> A perd à son tour quelques centaines de millisecondes à essayer de comprendre pourquoi B a répondu à côté.
> A et B entrent dans un dialogue de sourd.
Maintenant, revenons à la source du problème : la toute première question, formulée par A, n'était pas assez claire pour B. C'est aussi bête que ça.
En conclusion :
> Qui entend intéresser les autres et avoir avec eux une discussion enrichissante doit avant tout veiller à être clair dans ses interventions. Sans quoi, ce que vous dîtes va ralentir, voire parasiter, le cerveau de votre interlocuteur et donc nuire à sa bonne compréhension de vos propos.
En passant, le moraliste français Vauvenargues a dit dans Réflexions et maximes : «La clarté orne les pensées profondes».
Découvrez mes précédents billets
Rejoignez-moi sur Facebook et sur Twitter
Mon tout nouveau livre : Le Cheval et l'Âne au bureau