En vous inspirant de la guerre civile colombienne... Photo: DR
BLOGUE. Imaginons une chose quasiment incroyable : votre boss ne vous aime pas. (Je plaisante, je sais que ça arrive beaucoup plus souvent qu'on ne croit.) Du moins, il ne vous porte pas dans son cœur, c'est-à-dire que s'il pouvait, il se passerait volontiers de vos services, mais comme il n'a rien de sérieux à vous reprocher – en fait, c'est peut-être juste votre visage et votre attitude qui ne lui plaît pas –, eh bien, il tente à longueur de journée de vous voir le moins souvent possible.
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Et imaginons encore que vous ayez en tête un projet fabuleux et que vous voulez mener à bien, contre vents et marées. Disons-le carrément, en dépit de l'opposition farouche de votre boss, laquelle découle du seul fait que vous en êtes à l'origine. Vous n'avez dès lors pas d'autre choix que d'obtenir son feu vert, et donc de convaincre une personne hostile de vous faire confiance
Mission: Impossible? Pas du tout! C'est ce que j'ai appris dans une étude intitulée Trusting the enemy: Confidence in the State among ex-combatants, signée par deux étudiants en science politique : Enzo Nussio, de l'Université des Andes à Bogota (Colombie), et Ben Oppenheim, de Berkeley (États-Unis). Ceux-ci se sont penchés sur l'Histoire récente de la Colombie, pour se demander comment il se faisait que des soldats des forces de guérilla opposées au gouvernement en place ont fini par accepter d'être démobilisées, et même par redonner leur confiance en l'État qu'ils avaient pourtant combattu à mort des années durant.
Pour mieux saisir de quoi il s'agit, il convient de faire un petit retour en arrière… La Colombie était jusqu'à peu secouée depuis les années 1960 par une guerre civile atrocement meurtrière. Des mouvements de guérilla marxistes ont été les premiers à prendre les armes contre l'État. Dans les années 1980, des groupes paramilitaires ont vue le jour, se donnant pour mission d'éradiquer les forces marxistes du pays, sous le prétexte que l'État n'y parvenait pas.