Pour commencer, ils se sont plongés dans l’immense base de données du sondage annuel Household Income and Labour Dynamics in Australia (Hilda) et en ont dégagé 35 589 informations pertinentes pour eux, issues de 6 846 personnes sondées. La variable considérée était la réponse à la question : «Évaluez de 1 (jamais) à 5 (presque toujours) la fréquence à laquelle vous vous sentez pressé par le temps au travail». Après quelques caculs économétriques visant à assurer une certaine robustesse aux résultats trouvés, les deux chercheurs ont mis au jour le fait que le salaire évoluait de paire avec l’impression de pression du temps. C’est-à-dire que plus notre salaire grimpe, plus nous nous sentons pressés par le temps.
Puis, ils ont mené plusieurs expériences pour affiner leur trouvaille. Un exemple lumineux : la numéro 2. Il a été demandé à 66 étudiants d’une université canadienne d’effectuer plusieurs tâches sur un ordinateur dans un temps imparti (30 minutes). À souligner que ces tâches étaient rigoureusement les mêmes pour tous, l’une d’elles consistant à devoir remplir une facture à chaque tâche accomplie. Certains participants se devaient de facturer 1,50 dollar chaque tâche menée à bien, les autres, seulement 0,15 dollar. Résultat? Ceux qui ont ressenti la plus grande pression du temps durant ces 30 minutes ont été ceux qui facturaient 1,50 dollar la tâche.
Les expériences 3 et 4, elles, ont montré deux autres choses intéressantes. La première, que plus on se sent riche, plus on ressent la pression du temps. Et la seconde, que plus on se sent riche, plus on fait preuve d’impatience.
Quant à la dernière expérience, elle a permis d’apprendre que plus on a une idée précise de la somme exacte d’argent que l’on gagne pour chaque heure de travail, plus on se sent pressé par le temps.
«En conclusion, on peut dire que le sentiment d’être pressé par le temps au travail découle en grande partie de la valeur que l’on accorde au temps. D’autres facteurs interviennent, bien entendu, comme les conditions de travail et le temps consacré au travail dans une journée, mais la corrélation entre la perception que l’on a de son salaire et la pression du temps que l’on ressent au travail est indéniable», disent MM. DeVoe et Pfeffer dans leur étude.
Voilà le fin mot de l’histoire : la perception que nous avons de notre salaire. Plus nous avons conscience que nous travaillons pour de l’argent, plus nous nous activons à la tâche, et plus nous avons l’impression de ne jamais avoir assez de temps devant nous pour tout accomplir. Nous sommes là confrontés à un cercle vicieux. Et comme tout cercle vicieux, il nous appartient d’y mettre un terme, voire de l’inverser. Nous pourrions, vous comme moi, procéder en ce sens par étapes :