2. Réduire nos intoxications
«La réforme de nos vies implique aussi de se désintoxiquer de toutes nos addictions», dit-il. Un exemple lumineux : la consommation.
«La société doit aujourd'hui se guérir de la "fièvre acheteuse", de la surconsommation. Cela n'interdit pas des achats de désir et d'enchantement. Bien consommer, c'est en fait apprendre à redécouvrir le goût des choses.»
Appliqué à l'univers du travail, cela revient à chercher à ne plus succomber à nos quêtes futiles, qui nous poussent à faire n'importe quoi et, au fond, nous gâchent la vie. Pour certains, cela peut être d'arrêter de toujours vouloir faire mieux que les autres. Pour d'autres, par exemple d'arrêter de toujours vouloir briller aux yeux du boss. Car cela n'est source que de stress, non pas de véritable satisfaction.
3. Combiner autonomie individuelle et insertion dans la communauté
Nous sommes avant tout des animaux sociaux. C'est-à-dire que nous sommes, certes, des individus, mais des individus qui ne peut évoluer, ni même vivre, sans le groupe. D'où la nécessité, pour qui souhaite trouver davantage d'harmonie dans sa vie, de calmer un peu ses ardeurs individualistes pour s'intéresser davantage à autrui.
Comment s'y prendre? Edgar Morin a son idée sur le sujet : «Notre condition humaine suppose une alternance entre des "états prosaïques" et des "états poétiques", qui sont les deux polarités de nos existences», dit-il.
Par état prosaïque, il entend «les activités et contraintes obligatoires qui s'imposent à nous». Et par état poétique, «les moments de création, de fête, de dialogue, de partage et d'amour». «Les deux se succèdent et s'enchevêtrent dans la vie quotidienne : sans prose, pas de poésie», souligne-t-il.
«Tout cela nécessite une pleine conscience des besoins poétiques de l'être humain. Il faut s'efforcer d'atténuer les contraintes, servitudes et solitudes, de s'opposer à l'envahissement grisâtre de la prose, de façon à permettre à chacun d'exprimer son potentiel poétique.»