Le chercheur s'est plongé dans quelque 70 000 transcriptions de conférences téléphoniques données durant la dernière décennie. Des conférences données par des PDG de grandes entreprises américaines à l'attention des investisseurs, à l'occasion de la divulgation des résultats financiers trimestriels. M. Zhou y a traqué une seule chose : les blâmes. Oui, toutes les fois où le PDG mettait la contre-performance de son entreprise sur le dos de quelque chose hors de son contrôle. Et il a regardé si cela portait à conséquence, ou pas…
Résultats? Tenez-vous bien, ils sont sidérants :
> Un véritable réflexe. Plus la contre-performance de l'entreprise est importante, plus le PDG a tendance à porter le blâme sur des événements hors de son contrôle. Et inversement.
> Un impact négatif pour l'entreprise. Quand le PDG blâme fortement, comme j'aime à le dire, les dieux, cela a pour effet de freiner la progression du cours du titre boursier de son entreprise. Sur une année, ce coup de frein est évalué à une performance en Bourse inférieure de 7% par rapport à une entreprise en tout point similaire dont le PDG, lui, s'est abstenu de blâmer tout et n'importe quoi au moment de présenter ses mauvais résultats aux investisseurs.
> Un curieux anesthésiant. Plus un PDG blâme les dieux, moins les investisseurs vont avoir à tendance à inverser leur recommandation concernant l'entreprise qu'il dirige. Et inversement.
> Un impact positif pour le PDG. Quand le PDG blâme fortement les dieux, il risque moins de se faire remercier par le conseil d'administration dans l'année qui suit que celui qui, lui, s'en est abstenu. Idem, quand il agit de la sorte, il risque moins d'être pénalisé sur le plan financier (ex.: prime de fin d'année,…) que celui qui s'est abstenu de blâmer à tort et à travers.