Pourquoi les tensions commerciales entre Pékin et Washington font leur grand retour?

Publié le 14/05/2024 à 14:19

Pourquoi les tensions commerciales entre Pékin et Washington font leur grand retour?

Publié le 14/05/2024 à 14:19

Le timing choisi par l’administration Biden n’a rien d’anodin. (Photo: Getty Images)

EXPERT INVITÉ. Selon l’agence Bloomberg, l’administration Biden va annoncer cet après-midi de nouveaux droits de douane sur le commerce chinois, avec des prélèvements ciblés sur des secteurs stratégiques, notamment les véhicules électriques, dans le cadre d’une révision des mesures mises en place pour la première fois sous Donald Trump. Tout semble indiquer que c’est un sujet dont tout le monde va recommencer à parler avant les élections présidentielles américaines… Synthèse et analyse.

NDLR: L'administration Biden en a fait l'annonce plus tôt dans la journée: Washington augmente ses droits de douane sur 18 G$US de produits chinois.


Les faits

Une annonce prévue cet après-midi devrait conserver les augmentations générales de taxes introduites par le prédécesseur du président, mais les complétera par des prélèvements ciblés sur les industries liées aux véhicules électriques (VE), y compris les batteries et les cellules solaires, selon les rapports.

Le plan, rapporté pour la première fois par Bloomberg, serait l’aboutissement d’une révision des droits de douane considérables imposés à Pékin depuis 2018.

Au cours de sa présidence, Donald Trump (ci-dessous) a imposé une taxe de 27,5% sur les importations de VE chinois, que Biden a depuis prolongée, ce qui a maintenu le nombre de voitures fabriquées en Chine sur les routes américaines à un niveau extrêmement bas.

Le mois dernier, le président a lancé une enquête sur le secteur du transport maritime chinois, tout en appelant à une augmentation des taxes sur l’acier et l’aluminium chinois, dans le cadre d’un appel aux travailleurs syndiqués avant l’élection présidentielle de novembre.

 

Comment la Chine «procède-t-elle»?

Si la Chine ne vend pas directement de véhicules électriques aux États-Unis, elle détient des participations majoritaires dans d’autres entreprises étrangères qui vendent des voitures fabriquées en Chine. Les dirigeants politiques craignent les importations de véhicules électriques chinois, car la Chine est capable de proposer des prix inférieurs à ceux des fabricants américains, tout en proposant des batteries plus puissantes et des technologies de pointe.

L’Alliance for American Manufacturing, un groupe de pression, a déclaré que l’introduction de voitures chinoises sur le marché américain constituerait un «événement de niveau d’extinction» pour les constructeurs automobiles américains.

Les restrictions sur les importations de «voitures intelligentes» chinoises répondraient également aux préoccupations en matière de sécurité, car nombre d’entre elles sont équipées de modems susceptibles d’être piratés.

La Maison-Blanche a déclaré que les voitures connectées à l’internet pourraient utiliser des caméras et des capteurs pour recueillir des informations sur les infrastructures essentielles des États-Unis et interagir avec elles.

 

Quel était l’accord initial

Le président américain Donald Trump et le vice-premier ministre chinois Liu He avaient signé, le mercredi 15 janvier 2020, le premier chapitre d’un accord commercial à la Maison-Blanche.

 

 

 

Pékin s’est ainsi engagé à augmenter de 200 milliards de dollars ses achats de produits américains sur une période de deux ans par rapport au niveau de l’année 2017. Les produits agricoles, les services et l’énergie sont concernés. La Chine promettait aussi de mieux protéger la propriété intellectuelle et de mettre un terme à la manipulation de sa monnaie.

En échange les États-Unis avaient renoncé à imposer de nouveaux droits de douane sur les biens chinois, et diminuaient de moitié ceux imposés le 1er septembre 2019 sur 120 milliards de dollars de produits venus de Pékin. Ils sont passés de 15% à 7,5%. Les taxes de 25% qui portaient sur 250 milliards de marchandises chinoises étaient restées en place.

L’accord n’abordait pas les questions de cybersécurité ni même le traitement des données informatiques auxquels avaient accès les entreprises chinoises. Une autre question épineuse demeurait : celle des subventions accordées par Pékin notamment au secteur de l’acier et de la construction de panneaux solaires.

 

 

À SUIVRE: Où en est-on exactement des relations commerciales?

À propos de ce blogue

John Plassard a commencé sa carrière en 1998 chez Exane BNP Paribas en tant que co-responsable des actions. Il a ensuite pris la direction du courtier français Louis Capital Market à Genève. John Plassard est actuellement directeur chez Mirabaud Banque depuis 2012. Expert en macroéconomie avec plus de 25 ans d’expérience sur les marchés financiers, John Plassard est l’auteur du «Morning Insight» de Mirabaud et un contributeur reconnu des médias internationaux (CNBC, «Bloomberg», «Wall Street Journal», «Financial Times», etc.). Il anime chaque jour une émission économique sur la chaîne de télévision française BFM. Spécialiste de l’économie américaine, où il a passé de nombreuses années, il a publié plusieurs ouvrages.

John Plassard

Sur le même sujet

Adidas: enquête «approfondie» sur des allégations de corruption en Chine

17/06/2024 | AFP

Une vaste affaire de corruption présumée en Chine est évaluée à plusieurs millions d'euros et implique des employés.

OTLISQ: catalyseur d'innovation, de toutes les innovations

COURRIER DES LECTEURS. «En adoptant une approche coordonnée, Québec peut maximiser ses investissements.»

Blogues similaires

Banque du Canada: jusqu'à cinq baisses de taux d'ici juin 2025

14/06/2024 | Denis Lalonde

BALADO. Les données américaines sur l’inflation pourraient conforter la Banque du Canada dans ses baisses de taux.

L'éloge de la lenteur

14/06/2024 | Philippe Leblanc

EXPERT INVITÉ. Même si on prend des vacances, nos sociétés n’arrêtent pas de travailler pour nous.

Une baisse des taux retardée?

21/05/2024 | Pierre Cléroux

EXPERT. Si plusieurs craignent une telle situation, il n’y a pourtant pas lieu de s’en inquiéter.