Le gouvernement du Québec s'apprête à jouer un mauvais tour à Groupe Jean Coutu(Tor., PJC.A) et aux manufacturiers de médicaments génériques. Justifié?
La province est sur le point d'abolir le plafond de 15% sur les allocations professionnelles (rabais) que versent les manufacturiers génériques aux pharmaciens.
La décision de Québec fait suite à une entente de principe intervenue ces derniers jours avec l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP). Elle vise à compenser ceux-ci pour des coupes sur leurs honoraires pharmaceutiques et l'introduction de nouvelles responsabilités.
En marge de l'assemblée annuelle de Jean Coutu, le président du conseil, Jean Coutu, et le chef de direction, François Jean Coutu, se sont dit surpris, mardi.
Le projet ne fait pas l'affaire de la société. La rentabilité de la filiale de médicaments génériques Pro-Doc, qui a fortement contribué à celle de Jean Coutu ces dernières années, deviendra sous pression.
Avec la levée du plafond de 15%, les manufacturiers devraient dans les prochains mois augmenter significativement les rabais consentis aux pharmaciens pour tenter d'obtenir plus de clients.
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Pro-Doc devra suivre le bal et augmenter les rabais, sa rentabilité en sera du coup diminuée. Groupe Jean Coutu ne bénéficiera malheureusement pas du cadeau offert aux pharmaciens, ses revenus étant principalement établis sur une base de distribution, souvent à partir du niveau de ventes.
Pourquoi en est-on là? L'Ordre des pharmaciens doit-il se prononcer? La réforme est-elle équitable pour les manufacturiers génériques? Quel pourrait être l'impact pour Jean Coutu?
Voyons chacune des questions plus en détails.
Pourquoi cette décision
Pourquoi le gouvernement du Québec et les pharmaciens en viennent-ils à une telle entente?
En adoptant les lois 28 et 41, Québec a coupé dans les honoraires pharmaceutiques des pharmaciens. Il a aussi introduit sept nouvelles responsabilités, mais n'a pas ajouté d'honoraires pour toutes.
Financière Banque Nationale estime que l'impact combiné des réformes fait perdre entre 70 000 et 100 000$ par année à chaque pharmacie.
Chez les pharmaciens, certains ont soutenu que pareille réforme menaçait la viabilité de 40% des pharmacies au Québec.
Ce 40% est probablement exagéré, mais Québec semble s'être aperçu en cours de route qu'il demandait trop aux pharmaciens.
L'Ordre des pharmaciens doit-il se prononcer?