Un fossé abyssal
Source: Statistique Canada et IPP MLS
Alors que la croissance des prix de l’immobilier suit de près celle de la masse monétaire, ce n’est pas le cas des salaires des Canadiens. En effet, ceux-ci sont alignés sur l’indice des prix à la consommation (IPC) et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle les Canadiens sont condamnés à l’appauvrissement.
Si l’IPC est la meilleure mesure mise à notre disponibilité pour jauger la hausse des prix des biens et services qui forment le panier de consommation type des Canadiens, il s’avère peu utile lorsque vient le temps de mesurer l’effet de l’inflation sur le prix des actifs. En fait, la hausse du prix des actifs, ce qui inclut l’immobilier, est totalement écartée du calcul de l’IPC.
En 2006, une famille canadienne devait débourser un peu plus de 3 fois le revenu médian5 pour acquérir une propriété au prix moyen du marché. Quinze années plus tard, soit en 2021, c’était près de 7 fois le revenu médian.
Puisque les prix de l’immobilier s’ajustent au rythme d’expansion de la masse monétaire alors que les salaires des Canadiens sont réglés sur l’IPC, un fossé abyssal se creuse année après année entre leur rémunération et le prix des propriétés. À travers le temps, le pouvoir d’achat des familles canadiennes s’étiole systématiquement tout comme leur rêve de devenir propriétaire.Rejeter la responsabilité de la crise du logement sur l’immigration relève d’un raccourci réducteur. Par ailleurs, même si des réformes étaient apportées au cadre législatif pour libérer le marché immobilier, une augmentation significative de l’offre de logements ne résoudrait pas pour autant la crise à sa racine.
La crise actuelle est la conséquence d’un système monétaire qui gangrène l’économie d’une inflation insidieuse et discrète. L’épisode de la pandémie n’a fait que démasquer le mécanisme monétaire systématiquement programmé pour drainer l’énergie économique des Québécois et des Canadiens, année après année.
Malheureusement, cette crise perdurera tant et aussi longtemps que la monnaie continuera à être utilisée comme un moyen de manipulation économique plutôt que comme un outil de stabilité et de prospérité pour tous.
5. Revenu avant impôts qui inclus les transferts gouvernementaux. Selon la définition de Statistique Canada, une famille économique est constituée d'un groupe de deux personnes ou plus qui vivent dans le même logement et qui sont apparentées par le sang, par alliance, par union libre, par adoption ou par une relation de famille d’accueil.