La liqueur noire, vous connaissez?
Il s'agit d'un résidu obtenu dans la transformation du bois en pâte, que les papetières utilisaient depuis des dizaines d'années comme un combustible pour leurs usines.
En 2007, un nouveau crédit d'impôt américain fut introduit pour décourager l'utilisation des combustibles fossiles et encourager l'utilisation de la biomasse. Au cours de 2009, International Paper eut l'idée d'ajouter un peu de diesel à sa liqueur noire, et conclut qu'en ce faisant, même si elle allait totalement contre l'esprit du programme (elle ajoutait de l'énergie fossile…), elle s'y conformait dans sa lettre.
Le gouvernement, qui voyait l'industrie traverser de difficiles moments, accepta la réclamation.
Ce fut alors l'avalanche. Ce qui ne devait initialement être qu'un programme mineur devint un important soutien des usines de papier américaines. Des analystes estiment qu'environ 7 G$ US furent tout simplement donnés en crédits d'impôts aux papetières avant que le programme n'expire en 2010.
Domtar ne fit pas bande à part. Il y a quelques jours, RBC Marchés des capitaux estimait à 516 M$ l'aide financière directe qui fut accordée à la compagnie. Une aide qui lui permit de réduire de 25% sa dette sans rien faire.
Scandale?
On ne peut pas reprocher à Domtar d'avoir suivi le bal et bien joué ses cartes. Ne l'eut-elle pas fait, elle se serait placée en situation de désavantage face à ses concurrentes.
Le Canada fut plus habile dans toute cette histoire. Voulant éviter que ses usines ne soient désavantagées par rapport aux américaines, il introduisit lui aussi des crédits d'impôt pour la liqueur noire. Mais il eut la bonne idée de lier leur obtention à des investissements environnementaux dans leurs installations.
Conclusion?
En cette journée de Thanksgiving, Domtar devrait rendre grâce aux Américains pour leur générosité.
Et nous, retenir l'histoire pour l'avenir. Un bel exemple de ce qui risque d'arriver lorsque l'on utilise un programme à des fins autres que ce pourquoi il avait été initialement conçu. Les contribuables ont l'air des dindons de la farce.