Tous ont en mémoire la cause de l'effondrement économique de 2008-2009 : le surendettement des ménages, notamment occasionné par les prêts à risque (subprimes). En 2000, un phénomène apparenté s'était produit, mais du côté des entreprises.
Peu probable que ce risque se concrétise. Le taux d'endettement des entreprises et des ménages américains, qui avait dépassé les 140 % du PIB en 2008-2009, est en régression et s'établit plutôt légèrement au-dessus des 120 %.
Troisième risque : une correction du prix des actifs
L'assouplissement quantitatif aux États-Unis a eu pour effet de faire grimper de manière importante la valeur des actifs (voir le tableau, dans la colonne de gauche). Particulièrement dans le secteur de l'immobilier.
En 2000, l'éclatement de la bulle boursière avait fait reculer l'économie. En 2008, la même chose s'était produite, mais du côté de l'immobilier. L'analyste Patrick Artus, auteur du commentaire de Natixis, estime qu'il est possible que le phénomène se reproduise. Les actifs lui semblent actuellement surévalués, et un dégonflement aurait un effet néfaste sur le sentiment de richesse.
Quatrième risque : une chute importante des investissements
Une autre menace qui ne serait pas anodine. Les sociétés américaines ont investi massivement au cours des derniers mois, ce qui contribue à donner de l'élan à l'économie américaine.
Le ratio des investissements productifs par rapport au PIB dépasse maintenant les 12 %. En 2000, l'économie américaine était passée en mode reculons lorsque le ratio avait atteint 11 %. En 2008-2009, le même phénomène s'était produit à un ratio de 12 %.
Ici aussi donc, il y a risque de déraillement.
Au final ?
Deux événements du passé pourraient se reproduire, selon Natixis.
On n'est pas convaincu de la surévaluation du marché boursier. À 18 fois les bénéfices prévus de 2015 et à 16 fois ceux de 2016, les valeurs sont certes riches, mais pas de nature à déclencher par elles-mêmes une forte secousse.
C'est un choc extérieur qui pourrait déclencher des craintes sur les bénéfices. Il y a, dans une éventuelle hausse des taux d'intérêt, une possibilité de choc externe sur la richesse immobilière (et par effet domino sur l'économie). Cette hausse devrait cependant être graduelle. Bien qu'il y ait eu un redressement, les prix de l'immobilier sont encore 30 % plus faibles (ajustés en fonction de l'inflation) que ceux qui avaient engendré la crise de 2008.
Le consensus de croissance économique est probablement trop optimiste, mais il se pourrait bien que le cycle se prolonge jusqu'à la fin de 2017. Avec une Bourse offrant des rendements modérés, corrigeant parfois, mais n'affichant pas de recul par rapport à aujourd'hui.