BLOGUE. Bon, quelle note donner à ce troisième budget de monsieur Bachand?
C'est l'exercice auquel on est chaque année convié et qui nous fait toujours entrer dans une valse d'hésitations.
Mais allons-y tout de même.
Les bonnes nouvelles
Après d'importantes difficultés, le gouvernement semble enfin avoir réussi à maîtriser la croissance de ses dépenses. On dit "semble" parce que l'adoption de nouvelles règles comptables ne permet pas une validation parfaite et demande un certain acte de foi. Les dépenses consolidées (avant le service de la dette) pour l'année qui s'achève grimpent de 3,5%, c'est moins que le 3,8% que l'on avait en mire l'an passé. Pour l'année qui s'en vient (2012-2013), on vise une croissance de 2%, c'est nettement mieux que le 2,4% qui était prévu dans le passé. C'est bien. On s'approche de l'inflation, ce qui n'est pas mauvais avec la santé qui pousse.
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Il y a quelques autres annonces intéressantes dans le budget:
- le chantier que semble vouloir mettre en place le gouvernement pour amener plus de performance chez ses employés et attirer plus de talents;
- le nouveau régime complémentaire de retraite dans les entreprises qui n'en sont pas dotées;
- les crédits d'impôts accordés aux salariés de plus de 65 ans et aux entreprises pour aider à la pénurie de main-d'œuvre;
- les budgets de IQ Tourisme pour soutenir les initiatives structurantes;
Là où on ne sait trop
Québec instaure des crédits d'impôt à la transformation minière. Le gouvernement bonifie aussi l'enveloppe qu'il entend consacrer à ses investissements dans les ressources naturelles dans les cinq prochaines années en la faisant passer de 500 M$ à 1 G$. Le gouvernement annonce enfin qu'il prendra des participations dans des sociétés d'hydrocarbures.
Il n'est pas très clair quelle part du nouveau 500 M$ ira aux hydrocarbures, mais on peut pour l'instant penser qu'elle sera minime. En plus de toutes les interrogations environnementales, le prix du gaz naturel ne permet pas dans un avenir prévisible des investissements porteurs dans les sociétés québécoises du schiste. L'exploitation du pétrole du fleuve (Old Harry) est aussi incertaine. Il reste peut-être les investissements du côté de Junex (Gaspésie) et Pétrolia (île d'Anticosti), mais on ne mettrait pas notre main au feu là-dessus non plus.
Ce qui donne à penser que la grosse part de la majoration ira au minier.
Or, l'économiste Stéfane Marion, de Financière Banque Nationale, notait récemment que les investissements miniers pourraient augmenter de 62% en 2012 pour atteindre 4,4 G$. Ce n'est plus très loin des 5 G$ d'investissements qu'effectuera cette année le secteur manufacturier québécois.
En d'autres mots, la structure industrielle de la province pourrait bientôt très significativement se modifier. C'est intéressant si le cycle est structurel, ça l'est beaucoup moins si nous sommes actuellement dans un super cycle chinois appelé à éclater. Si ce super cycle devait s'arrêter dans quelques années et se transformer en une série de sous-cycles dans un corridor baissier, l'économie québécoise se serait alors structurellement fort mal positionnée.
Il y aurait lieu de réfléchir davantage sur la situation. Notre opinion n'est pas encore arrêtée. Monsieur Bachand semble lui aussi semble conscient de la situation, c'est à tout le moins rassurant.
Là où c'est vraiment moins bon