Photo : Bloomberg
Blogue. L'envolée des marchés boursiers à la suite de l'entente de coordination des banques centrales a de quoi faire écarquiller les yeux. Prudence, prudence, prudence…
Que veut dire cette entente entre les autorités monétaires des États-Unis, d'Europe, d'Angleterre, du Japon, du Canada et de Suisse?
C'est assez complexe, mais allons-y.
Où est la bonne nouvelle?
Les banques européennes ont d'importantes activités en sols étrangers, principalement aux États-Unis. Jusqu'à il n'y a pas si longtemps, ne pouvant compter sur des dépôts, elles finançaient généralement ces activités à même le marché monétaire américain (via des titres de dette de moins d'un an). Ces derniers temps, le marché monétaire US s'est montré de moins en moins réceptif aux émission de dettes des grandes banques, demandant des taux de plus en plus importants et mettant de plus en plus de pression sur leurs opérations de refinancement.
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La banque centrale européenne (BCE) a alors commencé à avancer des prêts US aux banques ayant de la difficulté à se refinancer. Des sommes contre lesquelles elles devaient émettre des garanties.
La demande sur la ligne de crédit US de la BCE n'apparaissait à ce jour pas si importante que cela, mais des experts expliquent que plusieurs banques étaient réticentes à se présenter à son guichet trop fortement, de crainte qu'on ne se mette à douter de leur solidité financière et que leurs activités ne se compliquent (fermeture d'autres sources de financement, européennes celles-là; fuite de dépôts, etc.).
L'annonce de mercredi donne à penser que les choses commençaient à se corser. Affirmer que l'on approchait d'une situation de paralysie du financement bancaire comme celle de 2008 est nettement exagéré. Mais à l'évidence les banques centrales redoutent que les banques européennes ne réduisent trop significativement leurs prêts aux ménages et aux entreprises, histoire de diminuer leur risque d'endettement (elles empruntent l'argent qu'elles prêtent) et obtenir de meilleurs ratios. Une situation fort propice au déclenchement d'une récession.
L'entente en place, qui permettait à la BCE de financer les banques européennes lorsque la Fed et les marchés américains étaient fermés (en matinée), est reconduite. Surtout, et c'est ici que pourrait bien se trouver l'élément déclencheur de frénésie, la mécanique annoncée a pour effet de réduire le taux d'intérêt auquel s'inter-financent les banques centrales de 1% à 0,5%.
La mesure laisse entrevoir que les banques européennes pourront ainsi financer à meilleur coût leurs activités US. Plusieurs devraient en conséquence se mettre prochainement à utiliser la ligne de crédit de la BCE, avec sans craintes d'interprétation quant à leur solidité financière (le coût devient avantageux). Théoriquement, leur rentabilité aux États-Unis devrait s'améliorer et le risque qu'elles restreignent leurs activités de prêts, diminuer. Bref, une action positive contre une récession.
L'autre volet de l'entente, qui touche la coordination des prêts entre banques centrales est pour l'instant sans réelle pertinence. Les banques centrales pourront faire des prêts à leurs institutions dans les devises des pays signataires, mais personne n'en a actuellement un réel besoin.
La panacée qui sauve tout?