L’achat chinois pour 2,2 milliards de dollars comptant du petit producteur de gaz naturel Daylight Energy n’est pas un cas isolé, estime Stéfane Marion, économiste en chef et stratège de la Financière Banque Nationale.
Sinopec International Petroleum a offert 10,08 $ comptant pour chaque action de Daylight, soit 120 % de plus que le cours de l’action avant l’offre.
Daylight possède 69 propriétés de pétrole et de gaz en Alberta et en Colombie-Britannique. Son titre avait plongé de 55 % cette année en raison de craintes concernant sa capacité à maintenir son dividende et de se refinancer.
C’est la première fois que la Chine investit directement dans des propriétés conventionnelles de pétrole et de gaz dans l‘Ouest.
Jusqu’à maintenant, Sinopec s’était limitée à des partenariats. En 2010, Sinopec avait payé 4,6 milliards pour un intérêt dans le producteur de sables bitumineux Syncrude.
Cet achat pourrait être le coup d’envoi d’une nouvelle vague d’investissements directs à l’étranger par la Chine, fait valoir M. Marion.
L’intérêt de la Chine pour nos ressources et l’intérêt croissant pour cette puissance mondiale de réinvestir ses réserves monétaires à l’étranger devraient soutenir l’industrie des matières premières ainsi que notre devise, indique M. Marion.
« Si la Chine est sérieuse dans sa volonté de laisser sa monnaie, le yuan, fluctuer au cours des cinq prochaines années, le gouvernement et ses sociétés d’état n’ont pas intérêt à laisser les réserves de 3 000 milliards de dollars dormir dans des monnaies étrangères. Il est préférable pour elle de recycler cet argent liquide dans des actifs tangibles », écrit M. Marion.
En 2010, a réalisé des investissements directs à l’étranger de 68 milliards de dollars américain, devançant le Japon pour la première fois, au quatrième rang, dans ce classement mondial.
Malgré cette poussée, les investissements étrangers directs de la Chine représentent encore seulement 5,1 % de son produit intérieur brut de 300 milliards de dollars américains, moins que la proportion de pays tels que l’Italie, l’Espagne ou les Pays-Bas.
« Étant donné le potentiel de ses investissements directs à l’étranger et de l’appétit de la Chine pour les ressources, le Canada sera une force d’attraction pour ces fonds » , prévoit M. Marion.
En 2010, la Chine ne représente que 2,7 % des 561,6 milliards investis par les étrangers au Canada.