«L'intention de Wall Street est de faire baisser le prix de l'or. Une erreur.» - John Kaiser, spécialiste de l'investissement en exploration minière

Publié le 23/11/2013 à 00:00

«L'intention de Wall Street est de faire baisser le prix de l'or. Une erreur.» - John Kaiser, spécialiste de l'investissement en exploration minière

Publié le 23/11/2013 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

«La population vieillit, et les investisseurs de 65 ans ne toucheront pas au secteur minier, qu'ils jugent trop risqué», dit John Kaiser, de la firme Kaiser Bottom-Fish.

John Kaiser, le réputé spécialiste canadien de l'investissement en exploration minière qui dirige la société de recherche indépendante Kaiser Bottom-Fish, était de passage au congrès annuel de l'Association de l'exploration minière du Québec. Les Affaires en a profité pour l'interviewer sur sa vision du marché actuel, les défis qu'affrontent les petites sociétés d'exploration minière et sur ses histoires à succès préférées.

Les Affaires - Comment voyez-vous le marché baissier qui frappe le secteur minier ?

John Kaiser - Wall Street fait tout pour que le prix de l'or descende à 1 000 $ US l'once et empêche la reprise aux États-Unis. Une erreur, à mon avis, alimentée par l'idéologie du Tea Party. Si la prospérité économique mondiale revient, le prix de l'or remontera de façon considérable. Nous ne sommes plus à une époque où l'or monte lorsque l'économie va mal. Le nouveau paradigme est que le cours de l'or croît en raison de la prospérité. Le gouvernement chinois, par l'intermédiaire de sa banque centrale, accumule des réserves d'or en prévision de cette reprise, et personne n'en parle. Ce qui est triste, c'est qu'à un prix de l'or faible, bien des petites minières aurifères, au Québec, se feront acheter leurs projets pour une bouchée de pain par ceux qui seront prêts à attendre la remontée. Cette reprise viendra, j'en suis sûr, car les réserves s'épuisent. Il y a une foule de projets aurifères qui devraient se diriger vers la mise en production et qui ne le font pas à cause du prix trop faible de l'or.

L.A. - Vous prévoyez que la moitié des sociétés d'exploration minière au Canada disparaîtront et vous dites que cela n'est pas une mauvaise nouvelle. Pourquoi ?

J.K. - Il y a beaucoup de sociétés qui, lors du dernier boom, ont levé des fonds pour payer des voitures sport à leurs présidents et qui se sont contentées de faire quelques trous de forage. Ces sociétés doivent disparaître. La question est de savoir si elles entraîneront les vrais explorateurs dans leur descente. C'est inquiétant, car il y a aussi des problèmes structurels majeurs dans le marché de l'investissement en exploration minière. La population vieillit, et les investisseurs de 65 ans évitent le secteur minier, qu'ils jugent trop risqué. Quant à la nouvelle génération d'investisseurs, elle n'en a que pour les technologies de l'information. Il y a une vraie perte de la connaissance en matière d'investissement dans l'exploration minière. À cela s'ajoute le fait qu'il y a de moins en moins de conseillers de placement indépendants, car un bon nombre ont joint les rangs des banques qui, elles, découragent l'achat de titres d'exploration minière. Le gouvernement devrait éliminer le plancher d'un million de dollars d'actif pour les actions accréditives afin d'encourager l'investissement en exploration minière.

L.A. - Que doivent faire les sociétés d'exploration pour se rendre plus attrayantes auprès des investisseurs ?

J.K. - Je propose une dizaine de stratégies. En voici quelques-unes : utiliser des algorithmes pour générer de nouvelles cibles d'exploration. C'est la solution que propose la société québécoise Diagnos (TSX-C, ADK, 0,10 $). Aller vers de nouveaux types de minéralisation. Explorer des métaux comme le zinc, qui ne sont pas la saveur du mois, mais dont il risque de faire l'objet d'une pénurie dans l'avenir. Ou des métaux pour lesquels il y a un problème de sécurité d'approvisionnement - comme le tungstène et pour lequel on sera le premier sur le marché. Se concentrer sur des pays où il n'y a pas encore eu de vague d'exploration moderne, comme le Maroc. Utiliser le modèle d'entreprise du générateur de projets, comme Mines Virginia. Enfin, miser sur des projets qui fonctionnent avec les prix actuels.

L.A. - Voyez-vous une belle histoire à succès au Québec actuellement ?

J.K. - Depuis Mines Virginia (TSX-C, VGQ, 10,62 $), non. Je suis toutefois des sociétés comme Ressources Sirios (TSX-C, SOI, 0,22 $) et Clifton Star (TSX-C, CFO, 0,18 $), qui pourraient être porteuses. Ressources Sirios est dirigée par l'explorateur Dominique Doucet, qui compte 30 ans de métier et une connaissance solide de l'endroit où il explore, non loin du projet Éléonore, et qui vient de réaliser une découverte prometteuse. Quant à Clifton Star, la société a trouvé une nouvelle stratégie qui consiste à vendre son or sous une forme de concentré qui lui permet de réduire ses coûts.

L.A. - Que pensez-vous des deux projets de terres rares au Québec ?

J.K. - Je ne crois pas au projet de Quest Rare Minerals (TSX-C, QRM, 0,60 $) au Lac Strange au Nunavik. Le prix panier (prix moyen de divers produits que Quest a indiqué dans son étude est deux fois trop élevé. De plus, Quest a oublié de mentionner qu'il lui faut une usine de séparation qui lui coûtera un milliard de dollars et qui va faire passer le coût de son projet à près de 4 G$, un montant trop élevé par rapport à des projets plus concurrentiels, comme celui de Namibia Rare Earths (TSX-C, NRE, 0,14 $), par exemple.

Quant au projet Kipawa de Matamec (TSX-C, MAT, 0,11 $), je trouve que l'entente signée avec Toyota est trop désavantageuse pour Matamec. Je crains que les Japonais ne fassent des appels de fonds auxquels Matamec ne pourra pas répondre.

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