La Banque du Canada estime que le seuil de rentabilité des grands sites de pétrole de schiste américains se situe entre 40 $ US et 80 $ US le baril. Au Canada, dans les sables bitumineux, il se situe entre 60 $ US et 100 $ US le baril.
Aux États-Unis, le nombre de foreuses en activité, surtout pour le pétrole de schiste, qui était passé de 200 à 1 600 depuis 2009, et est retombé à 1 019 en février. Au Canada, des pétrolières comme Shell ont annoncé le report de projets dans les sables bitumineux, tandis que d'autres producteurs réduisent leurs dépenses... et leurs dividendes.
«À court terme, je crois qu'il y aura des surplus jusqu'à la mi-année avant que l'offre s'ajuste et que les prix remontent», croit Mathieu D'Anjou. Il s'attend à un retour vers les 80 $ US le baril dans deux ans.
Iain Reid, analyste chez BMO Marchés des capitaux, a réduit son prix moyen pour le baril de Brent à 53 $ US cette année et à 65 $ US l'an prochain. «Nous croyons qu'une remontée des prix doit passer par une réduction de l'offre, et sans l'assistance de l'OPEP, ce pourrait être un long et lent processus», écrit-il dans une note récente. Il voit également le baril revenir éventuellement vers les 80 $ US.
Des titres qui se négocient à un creux historique
Qu'est-ce que cela signifie pour les titres de sociétés pétrolières ? «C'est possible qu'on reste dans le brouillard pendant quelques trimestres», dit François Têtu, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins. À son avis, il faut miser sur des titres solides à long terme, tels que Suncor (Tor., SU), Canadian Natural Resources (Tor., CNQ) ou encore Crescent Point Energy (Tor., CPG). Notons que la baisse de la valeur du dollar canadien qui a suivi celle du pétrole amortit un peu le choc pour les producteurs canadiens.
Chez BMO, on se montre peu enthousiaste dans le contexte actuel, mais les choix préférés d'Iain Reid sont Shell et la française Total.
Martin Roberge, de Canaccord Genuity, souligne que les titres pétroliers se négocient à un creux historique de seulement 1,5 fois la valeur aux livres. «C'est la même chose qu'en 2008, au pire de la crise financière.» Pour éviter toutefois de se tromper de cible, il suggère aux investisseurs de miser sur un fonds indiciel, le iShares Capped Energy Index (Tor., XEG), pour profiter de l'éventuel rebond.
80 $: Certains analystes prévoient que le prix à plus long terme du baril de pétrole pourrait être de 80 $ US. L'indice S&P/TSX du pétrole et du gaz a reculé de 30 % depuis trois ans. Source : Bloomberg