Le Torontois Noel Biderman, fondateur d'AshleyMadison.com, est l'un des rares entrepreneurs à dénoncer de vive voix le conservatisme moral des financiers. À toutes les étapes du développement du site Web de rencontres adultères, qui emploie aujourd'hui 240 personnes, il s'est buté au même obstacle : «Peu importe qui j'approchais, qu'il s'agisse d'un ami ou d'un banquier, leur réponse était toujours négative. Ce n'était pas parce qu'ils pensaient que ce ne serait pas rentable, mais parce que, s'ils investissaient, ils ne voyaient pas comment ils allaient expliquer à leur conjointe pourquoi ils croyaient pouvoir faire beaucoup d'argent dans le créneau de l'infidélité. C'est tout simplement une conversation qu'ils ne voulaient pas avoir.»
Malgré la froideur des financiers, M. Biderman a réussi à faire de son site Web une marque mondiale, dont la croissance a été presque entièrement financée à l'interne. En 2007, il a vendu l'entreprise à Avid Life Media, de Toronto. Les propriétaires d'Avid souhaitaient alors introduire la société en Bourse, mais devant la résistance du milieu financier, ils ont renoncé à leur projet. Une décision qu'ils n'ont jamais regrettée. «Notre marge bénéficiaire est tellement élevée que nous avons distribué 60 M$ de bénéfices à nos investisseurs au cours des trois dernières années», explique Noel Biderman, qui est aujourd'hui pdg d'Avid Life Media. De 2007 à 2012, Avid Life Media, qui tire la majorité de ses revenus d'Ashley Madison, a connu une croissance de 1 695 %, selon le classement Profit 500.
Sans surprise, M. Biderman préfère taire l'identité des quelque 40 actionnaires d'Avid Life Media, mais il soutient que certains d'entre eux sont des fonds de couverture bien connus. «Je ne suis pas sûr qu'ils savent exactement quelles sont nos activités, mais ils ont consulté nos états financiers et ceux-ci sont attrayants.»
