La municipalité a tout déclenché en construisant au coût de 350 millions de dollars le Convention Center, reconnu comme la plus vaste édifice vert au monde. Inauguré en 2003, le Convention Center acquitte une facture d'électricité inférieure de 40 % à celle d'un bâtiment conventionnel. Il fonctionne 40 % du temps sans lumière artificielle ni air conditionné. Sa construction a provoqué un véritable engouement local, si bien qu'on compte aujourd'hui environ 200 projets d'édifices verts à Pittsburgh. L'université locale Carnegie Mellon accueille une nouvelle discipline : le "green design" qui œuvre à améliorer l'efficacité énergétique des immeubles… et à alléger les coûts énergétiques des entreprises. La fondation Heinz, qui distribue des fonds au nom de la famille actionnaire du groupe fabriquant le célèbre ketchup, s'en est môlé et fait de l'architctture verte un outil de réhabilitation des quartiers défavorisés, en y consacrant 10 millions de dollars par année. Pittsburgh, classée par le magazine américain Forbes, (16 avril 2008) parmi les dix villes les plus propres au monde – aux côtés de Montréal et de Vancouver notamment - est le cas de figure d'un phénomène américain caché derrière l'immobilisme de Washington. "Il se passe la môme chose dans tous les Etats-Unis", dit Scott Matthews, directeur du Green Design Institute à l'université Carnegie Mellon. Au pays, plus de 800 immeubles ont été accrédités LEED, l'an dernier, et quelque 5 000 projets de construction devraient obtenir l'accréditation internationale au cours des deux prochaines années. Au total, les États distribuent quelque 15 milliards de dollars chaque année en subventions et en crédits d'impôt pour encourager l'architecture propre, et aussi l'énergie renouvelable, le transport durable et le recyclage des déchets. Quant aux investisseurs de risque, on estime que leurs investissements dans les technologies vertes ont triplé au cours des trois dernières années pour atteindre trois milliards de dollars. Voilà bien la meilleure preuve que le business vert décolle. Reste à voir l'impact que le sévère ralentissement économique aura sur ce décollage. Que dirait l'écrivain Charles Dickens s'il revoyait Pittsburgh aujourd'hui, lui qui l'avait qualifiée "d'enfer sans couvercle", en 1842, en découvrant les fumées noires qui noyaient la cité industrielle de Pennsylvanie. Source : Capital, octobre 2008 http://www.capital.fr/magazine/default.asp Pour aller plus loin : http://www.post-gazette.com/pg/07266/819833-28.stm Pittsburgh Post Gazette http://www.thetartan.org/2007/4/30/news/green The Tartan