[Photo : Bloomberg]
«Nos terres agricoles sont toutes en train d’être achetées par des étrangers.» Voilà ce que plusieurs intervenants ont affirmé au cours des dernières années.
Or, selon Jean-Philippe Meloche, professeur adjoint à l'Institut d'urbanisme de l'Université de Montréal, «on est très loin de ce phénomène au Québec». Chercheur associé au Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations, M. Meloche vient de publier, avec son partenaire Guy Debailleul, de l'Université Laval, un rapport intitulé «Acquisition des terres agricoles par des non-agriculteurs», qui déboulonne plusieurs mythes au sujet de cette question émotive.
«Tout le monde parle de Chinois qui débarquent ici pour acheter nos terres. Or, j'en cherche encore des Chinois à la campagne», ironise M. Meloche dans le bulletin Forum de l’Université de Montréal.
ll y a quelques années, une entreprise québécoise a fait l'acquisition de 5000 hectares de terre dans la région du Lac-Saint-Jean. Cette incursion d'un établissement financier dans le monde agricole a créé un émoi dans l’industrie, l'Union des producteurs agricoles craignant que des intérêts financiers, québécois ou étrangers, accaparent massivement nos terres cultivables au détriment des propriétaires-exploitants.
Selon ce rapport, commandé par l'ancien ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec Pierre Corbeil, les terres agricoles de la province appartiennent encore aux agriculteurs dans une proportion de 84 %. C'est un taux nettement plus élevé que dans la plupart des pays européens, ainsi qu'aux États-Unis et dans les autres provinces canadiennes.
Quant aux investisseurs non agricoles, ils ne détiennent que 2 % des terres québécoises. «On est loin d'une prise de contrôle de nos terres par les financiers», dit M. Meloche.
Le Québec épargné pour plusieurs raisons