Dur d'entrer aux USA
Seul l'avenir nous dira si toutes ces stratégies permettront à Joe Fresh de réussir là où plusieurs détaillants canadiens ont fait chou blanc. Mais on se rappellera que même des géants comme Jean Coutu et Canadian Tire (dans les années 1980) ont mordu la poussière. Tristan a quitté les États-Unis en 2010, et Le Château attend la fin de ses deux derniers baux à New York pour plier bagages.
Les entreprises canadiennes ont du mal à réussir au sud de la frontière, parce que «en règle générale, elles sous-estiment la [force de la] concurrence et parce que tout y est plus compliqué, plus difficile», souligne Jacques Nantel, professeur de marketing à HEC Montréal. «Ça prend des reins solides et des poches très profondes. Les coûts d'adaptation - comptabilité, fiscalité, plan légal - sont énormes. Sans compter que c'est difficile d'y avoir un avantage concurrentiel distinctif.»
Il faut aussi dire que peu de détaillants y tentent leur chance. Selon un rapport préparé pour le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation du Québec, au printemps dernier, divers facteurs expliquent cette situation. «Le mode de propriété des détaillants canadiens est généralement à capital fermé et souvent avec un propriétaire unique, ce qui limite fortement l'accès rapide à du capital de risque.» De plus, nos concepts de magasins ne sont, fréquemment, «que des copies de ce qui existe ailleurs».
«Nous devons continuer à faire croître notre marque au Canada et obtenir du succès à New York avant de considérer la possibilité de prendre de l'expansion.»
- Alison Lawler-Dean, porte-parole de Joe Fresh
JOE FRESH EN BREF
La marque a été introduite en 2006 dans les magasins du groupe Loblaw.
Son créateur est Joe Mimran, fondateur de Club Monaco et Caban.
2010 : les premières boutiques ayant pignon sur rue ouvrent leurs portes. On en compte 12 au Canada, dont 2 au Québec.
Les ventes annuelles se chiffreraient à 1 G$, et Loblaw pourrait ouvrir jusqu'à 800 magasins aux États-Unis.