Plusieurs entreprises en technologies propres ne survivent pas à ce long processus. L'industrie fait face à deux défis majeurs. Non seulement la conception de ses innovations demande beaucoup de temps en R-D, mais leur phase de commercialisation est bien plus difficile, pour les entreprises, que celle des produits conventionnels.
«Cette étape coûte 10 fois plus cher que celle de la R-D», indique Denis Leclerc, pdg d'Écotech, la grappe des technologies propres du Québec. Leurs technologies se heurtent au mur de la peur des entreprises, dont un grand nombre refuse de s'engager dans l'achat de produits non éprouvés.
«Pour réduire le risque apparent de ces innovations, il faut trouver des bancs d'essai», affirme Denis Leclerc. L'enjeu est donc de repérer le premier utilisateur. Celui qui débloquera la situation en pouvant afficher le succès de son acquisition. «On ne peut pas demander cela aux entreprises privées, dit Martin Damphousse, maire de Varennes. Elles ont des objectifs de rentabilité, des actionnaires à contenter...»
L'industrie des technologies propres gagnerait à ce que le secteur public - organismes publics et parapublics ainsi que sociétés d'État - devienne une vitrine technologique pour ses innovations. C'est la conclusion d'un rapport réalisé par Deloitte pour Écotech. «Le gouvernement accorde déjà des crédits d'impôt aux entreprises. Il pourrait aller plus loin pour rendre encore plus efficace son intervention en utilisant des technologies propres innovantes», souhaite le pdg d'Écotech.
Accepter de les tester et prouver qu'ils fonctionnent donnera confiance au secteur privé, plus enclin alors à les acquérir. C'est la seule voie de salut pour de nombreuses start-ups du secteur, dont plusieurs ne réussissent pas à se rendre au bout du processus par manque de financement. D'autres s'orientent vers l'étranger pour trouver des bancs d'essai, au risque de ne pas revenir au Québec.
«Les marchés publics représentaient, en 2009, 28,7 milliards de dollars. C'est une manne énorme et sous-exploitée», constate Louis J. Duhamel, conseiller stratégique chez Deloitte qui a dirigé l'étude. À la suite de ce rapport, Écotech émet six recommandations. Toutes visent le même but : «Que les organismes publics donnent leur première chance aux entreprises de technologies propres qui pourraient devenir des fleurons québécois».
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