Éviter les risques de change
Sans attendre l'officialisation des projets de son concurrent européen, Boeing a tiré une violente bordée dès vendredi.
La firme de Seattle avait mené une campagne virulente et victorieuse contre son rival, obligeant en 2011 le Pentagone à revenir sur sa décision de confier à Airbus le renouvellement de sa flotte d'avions ravitailleurs, un marché de 35 G$ US.
Prêtant à Airbus la "promesse de déplacer des emplois d'Europe vers les États-Unis", il affirme que les aides "illégales" qu'Airbus a reçues des gouvernements européens ont détruit des "milliers d'emplois américains".
En réalité, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a jugé que Boeing comme Airbus avaient bénéficié d'aides gouvernementales excessives, dans des décisions que chacune des parties interprète à son avantage.
Airbus cherche à réduire ses coûts en assemblant des appareils aux États-Unis. Il évitera ainsi le risque de change: les avions se vendent sur le marché mondial en dollars, alors qu'il produit essentiellement en Europe.
Mais l'avionneur se défend de vouloir transférer de la charge de travail d'Europe vers les États-Unis. L'assemblage d'un avion ne représente que 5% de sa valeur, le reste représente des commandes pour les fournisseurs et les sous-traitants qui montent les différentes sections l'appareil, soulignent les dirigeants de l'entreprise.
Ils devaient défendre ce raisonnement devant les syndicats des différents sites du groupe qui se réunissent lundi en comité de groupe européen.
L'Allemagne, un des deux pays avec la France qui cherchent à peser sur la stratégie d'Airbus et de sa maison mère EADS, a déjà donné un blanc seing au projet américain de l'avionneur.
Peter Hintze, coordinateur du gouvernement allemand pour l'aéronautique qui reprochait il y a quelques mois à EADS de ne pas créer assez d'emplois en Allemagne, a estimé qu'une usine aux États-Unis, "est un véritable plus pour les Européens dans le cadre de la compétition avec Boeing".