La Turquie? L'Égypte? L'Iran? Israël, l'Arabie saoudite et les autres monarchies sunnites du golfe Persique verraient d'un très mauvais oeil l'Iran - un pays chiite - devenir une puissance hégémonique au Moyen-Orient. De reste, un équilibre des puissances est-il possible dans cette région du monde si instable? Chose certaine, les risques géopolitiques n'y diminueront pas dans un avenir prévisible.
On note cette même montée de l'instabilité politique en Europe orientale, une région que l'on pensait pourtant pacifiée depuis la fin de la Guerre froide. La guerre en Ukraine et les interventions (directes et indirectes) de la Russie dans les pays limitrophes de son territoire ces dernières années montrent que les spécialistes s'étaient trompés.
Quelles puissances peuvent pacifier cette région du monde? Les pays européens, en premier lieu la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et la Pologne, qui abritent les cinq principales armées de l'Union européenne? Les réticences des Européens à imposer des sanctions économiques à la Russie montrent toutefois que leurs moyens et leur volonté politique sont limités - le manque de cohésion politique des Européens fait en sorte que l'Union européenne n'est pas non plus un acteur de premier plan pour pacifier le reste du monde.
Il reste bien entendu les États-Unis. Mais Washington voudra-t-il mettre le point sur la table pour stabiliser et sécuriser l'Europe orientale, alors que la priorité de Washington est de contenir la Chine? Dans cette partie du continent européen, les entreprises et les investisseurs devront aussi apprendre à évoluer dans un environnement plus instable, tout comme du reste en Afrique, où aucun pays - ou groupes de pays - n'est assez fort pour stabiliser le continent.
Zbigniew Brzezinski n'est pas pessimiste pour autant. Car, selon lui, les États-Unis et la Chine devront apprendre à collaborer afin d'assurer une relative stabilité mondiale. Ce «G2» pourrait même jouer un rôle de gendarme pour pacifier des régions instables comme en Afrique ou au Moyen-Orient. Bref, les intérêts économiques et politiques de Washington et Pékin les inciteront à s'entendre pour que la mondialisation de l'économie et des marchés se poursuivent. Mais préparez-vous: le monde sera plus instable, prévient l'ancien conseiller de Jimmy Carter.