Le nouveau système fiscal cubain, qui taxe les arrivées de l'étranger de produits de consommation courante et de vivres dans l'île, risque d'affecter la fragile économie en réduisant la consommation, estiment divers économistes et intellectuels cubains.
"Cette mesure semble disproportionnée et pourrait avoir l'effet d'un +auto-embargo+ avec son effet nocif sur le niveau de vie de la population", a affirmé à l'AFP l'économiste Mauricio de Miranda, en référence à l'embargo économique imposé à Cuba par les Etats-Unis depuis plus d'un demi-siècle.
La nouvelle réglementation, entrée en vigueur lundi, impose des droits de douane, payables en devises, aux vivres et autres produits de consommation importés par des particuliers, souvent à destination des travailleurs indépendants qui se sont multipliés avec les réformes économiques introduites en 2011 par le régime communiste.
Ces nouvelles taxes sont "une façon de combattre l'utilisation de cette voie non-commerciale bénéficiant à l'enrichissement personnel", a expliqué à la presse locale Carmen Arias, sous-directrice du service des douanes.
À Cuba, où l'économie est contrôlée à 90% par l'Etat, arrivent tous les jours des centaines des paquets et cargaisons envoyés par des Cubains en exil à leur famille ou introduits par de simples voyageurs voire par des "mules" qui payent leur voyage en revendant les produits importés.
Désormais, les marchandises importées sont taxées 10 dollars par kilo au-delà des trois premiers kilos. Les produits alimentaires, qui avaient été exemptés de taxes après le dramatique passage d'ouragans en 2008, sont également taxés, au grand dam des restaurants privés qui, en l'absence de marché de gros à Cuba, se ravitaillaient ainsi en produits introuvables dans le circuit officiel cubain.