Productivité: trois recettes pour propulser votre entreprise


Édition du 22 Mai 2024

Productivité: trois recettes pour propulser votre entreprise


Édition du 22 Mai 2024

Par François Normand

La productivité est la quantité et la valeur que produit une personne dans une heure travaillée. (Photo: 123RF)

MANUFACTURIER. Pénurie de main-d’œuvre, concurrence étrangère au Canada, montée du protectionnisme… Les entreprises manufacturières, dont celles qui exportent aux États-Unis, font face à des défis de taille qui limitent leur potentiel de croissance. Une solution leur permet toutefois de réduire la pression sur leurs revenus et leurs marges bénéficiaires : accroître leur productivité.

La productivité est la quantité et la valeur que produit une personne dans une heure travaillée. Pour une entreprise manufacturière, la meilleure stratégie pour l’accroître est sans doute d’investir dans de nouvelles technologies et de nouveaux équipements, notamment des robots et l’intelligence artificielle (IA), disent les spécialistes.

Or, c’est un processus qui peut être complexe, parsemé d’essais et d’erreurs, et qui doit être fait en tenant compte du degré de maturité technologique des organisations.

Bonne nouvelle pour les chefs d’entreprise : il existe différents types de budgets pour les entreprises qui sont prêtes à mettre de l’argent sur la table pour accroître leur productivité.

Yannick Desmarais, président de Worximity Technology, une PME qui mesure et analyse en temps réel la productivité des entreprises, et François Gingras, vice-président à l’innovation à Investissement Québec (IQ) et spécialiste du secteur manufacturier, proposent trois stratégies pour les entreprises qui veulent devenir plus compétitives et résilientes.

 

1. Le budget modeste ou « Je me mets à jour »

De 20 000 $ à 100 000 $ (IQ)

De 0,5 % du chiffre d’affaires (Worximity)

« À cette étape, il s’agit de connecter les travailleurs avec des systèmes afin de numériser des fonctions », dit Yannick Desmarais. Une entreprise peut par exemple numériser une check-list ou un formulaire du niveau de qualité de certains processus ou produits.

Ainsi, un travailleur peut faire cette opération avec une tablette ou un appareil mobile en tout temps, en plus de partager l’information en temps réel avec ses collègues. « On gagne en efficacité », affirme le président de Worximity Technology.

À cette étape de numérisation, on peut aussi mieux former les travailleurs, optimiser les opérations et améliorer les qualités des produits, et ce, selon l’approche des trois P (personnes, procédés, produits), qui bonifie la performance des entreprises.

François Gingras affirme que ce budget permet de faire plusieurs choses par étapes, et ce, du diagnostic aux gains de productivité.

Tout d’abord, on peut évaluer où se situe l’entreprise en matière de productivité. Ensuite, la direction peut dresser une liste de projets de gains d’efficacité en fonction de ses besoins. Enfin, la société peut lancer son plan d’innovation afin d’être plus performante.

« Il s’agit de faire un premier projet réalisable, souvent un petit », dit-il. Cela peut être par exemple la mise en place d’un système simple d’automatisation ou l’acquisition d’un robot collaboratif pour aider les employés à manutentionner de la marchandise.

Selon François Gingras, toutes ces étapes peuvent mener à un projet réalisable dont le coût peut osciller entre 75 000 $ et 125 000 $.

 

2. Le budget adéquat ou « Je me mets en mouvement »

De 100 000 $ à 1 M $ (IQ)

De 0,5 % à 1,5 % du chiffre d’affaires (Worximity)

Yannick Desmarais estime qu’une entreprise peut moderniser ou installer un progiciel de gestion intégré (ERP, en anglais). « Avec la numérisation des trois P, on va déceler les opportunités pour accroître la productivité. »

Par exemple, un ERP rend la planification de la production plus efficace dans une usine, mais seulement si les travailleurs sont déjà connectés aux opérations et aux produits, car il faut absolument des données. Cet environnement technologique, qui s’appuie sur des données, permet d’avoir une meilleure maintenance prédictive, voire d’éviter les arrêts de production non planifiée — à l’exception des erreurs humaines.

François Gingras affirme qu’on peut faire des projets « beaucoup plus complexes » avec cette fourchette budgétaire, en installant par exemple des robots capables d’effectuer de la soudure, d’assembler des choses et de fabriquer des produits.

Selon lui, on peut aussi se doter de robots munis de logiciels d’analyse, s’appuyant par exemple sur de la vision artificielle afin de détecter des pièces ou des produits défectueux sur une chaîne de production.

Comme ce type de projet est quand même complexe, François Gingras insiste sur l’importance de s’assurer d’avoir l’expertise en interne pour les faire ou d’être bien conseillé à ce sujet en externe. « Ça implique une gestion du changement avec les employés », dit-il.

 

3. Le budget audacieux ou « Je me transforme »

Plus de 1 M $ (IQ)

De 1,5 % à 3 % du chiffre d’affaires (Worximity)

« Ça englobe de plus en plus d’équipements intelligents, pas uniquement des processus qu’on numérise », précise Yannick Desmarais.

Il peut s’agir par exemple de systèmes munis de capteurs de sons. Ces derniers permettent entre autres de détecter des anomalies dans le bruit normal d’une machine, signalant ainsi qu’il faut faire une maintenance préventive afin d’éviter un arrêt non planifié de la production.

On peut aussi imaginer des équipements qui se parlent entre eux, par exemple, pour changer le format d’un produit, la saveur d’un aliment ou la couleur d’un bien. « Ça se fait sans intervention humaine, ce qui permet de faire des gains d’efficacité », précise-t-il.

À ce niveau, on peut imaginer automatiser complètement une ligne de production, fait valoir François Gingras.

À cette étape, plusieurs facteurs doivent être intégrés afin d’optimiser les gains de productivité, ce qui inclut la numérisation des procédés, l’intelligence artificielle et l’optimisation de la formation de la main-d’œuvre.

On peut aussi imaginer des entrepôts intelligents où les chariots élévateurs se promènent seuls afin de manutentionner des marchandises ou de préparer des commandes pour l’expédition. Une entreprise peut alors utiliser entre autres un système de gestion d’entrepôt (WMS, en anglais) pour l’aider à être le plus efficace possible pour gérer ses activités.

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