Une belle chimie chez l'Alchimiste


Édition du 10 Avril 2024

Une belle chimie chez l'Alchimiste


Édition du 10 Avril 2024

Par Emmanuel Martinez

Pol Brisset est propriétaire de la brasserie l’Alchimiste de Joliette, dans Lanaudière, depuis 2019. (Photo: courtoisie)

REPRENEURIAT. Les bonnes relations mènent à d’excellentes affaires, comme en témoigne Pol Brisset, propriétaire de la brasserie l’Alchimiste de Joliette dans Lanaudière depuis 2019.

L’entrepreneur a profité de ses connaissances et de l’ouverture de Michel Bérard, celui qui lui a cédé cette entreprise alors en difficulté, afin de la ramener sur les rails à toute vitesse. Le brasseur a dopé ses ventes de 300 % depuis !

« L’important, c’est de s’enligner sur les valeurs du cédant et de comprendre la valeur que tu vas ajouter à l’entreprise que tu vas reprendre », explique Pol Brisset, qui avait auparavant occupé des postes de direction chez Coors Canada, Heineken Canada et Red Bull durant près de 20 ans.

Propriétaire de la marque Vilains Brasseur qu’il fait brasser chez l’Alchimiste, il a été contacté par Michel Bérard vers la fin 2018. Fatigué, ce dernier lui demande de trouver un acheteur pour sa brasserie qui périclite. À la recherche d’un défi, Pol Brisset lui propose de l’acquérir.

« L’entreprise était en décroissance donc le financement n’était pas évident, mais Financement agricole Canada a été super, explique-t-il. Ce n’était pas une petite brasserie de village. C’était une grosse bouchée. Toutefois, c’était une super opportunité. Un joyau avec un beau terrain et ma femme vient de la région. Le timing était parfait. »

 

Des changements payants

Durant le processus d’acquisition de la PME, il reçoit alors une offre inattendue.

« Michel m’a demandé de devenir le directeur général de l’Alchimiste, dit-il. Au lieu d’acheter puis de travailler avec le cédant, on a fait les choses à l’envers. On était compatible lui et moi. Il savait que le nom “Alchimiste” avait été magané et il voulait que je réussisse. »

Cette entrée en avril 2019 dans la PME lui a permis de mieux comprendre les défis à relever et de mettre rapidement son plan de match à exécution une fois devenu propriétaire en octobre de cette même année.

Fondée en 2001, l’Alchimiste avait beaucoup grandi et possédait d’imposantes installations dans le parc industriel de Joliette. Ses produits étaient distribués dans les grandes chaînes d’alimentations. Elle voulait concurrencer les Molson de ce monde, une tâche titanesque. En outre, la montée de nombreuses microbrasseries durant la dernière décennie venait lui couper l’herbe sous le pied.

« L’Alchimiste était devenue trop grosse pour le marché des microbrasseries et trop petite pour celui des géants, note Pol Brisset. Elle était coincée. Elle avait perdu son identité et sa place sur les tablettes. De plus, les consommateurs allaient voir ailleurs. »

Celui qui dit aimer la gestion humaine, la stratégie, les structures et le marketing se voyait relever le défi de redonner du lustre à cette entreprise emblématique.

« Il fallait s’impliquer davantage localement, mentionne-t-il. On voulait redevenir la brasserie de Lanaudière et une destination agrotouristique. L’usine n’accueillait personne. On a donc aménagé un salon de dégustation qu’on a ouvert durant la pandémie. Il y a aussi une grosse terrasse de 150 places. »

« On a surpris les consommateurs avec de nouvelles bières, dont au sapin ou au miel, ajoute-t-il. On a changé l’emballage, on a engagé un excellent brasseur en chef et on s’est doté d’équipements qui font la différence sur la qualité du produit comme une machine qui mesure le niveau d’oxygène de la bière. »

Le patron est resté proche de l’ancien propriétaire. « Il était là comme semi-conseiller, précise Pol Brisset. On se parlait tous les mois. On a développé une super relation. »

La boucle a été bouclée en 2022 lorsque Paul Brisset lui a racheté la bâtisse dans laquelle il brasse son houblon tout en remboursant le solde qu’il lui devait.

 

Avenir prometteur

Malgré les déboires de l’Alchimiste avec son distributeur Transbroue qu’il poursuit pour 1,2 million de dollars, l’entrepreneur envisage l’avenir avec optimisme.

« Les créanciers comprennent qu’on est en croissance et que ce n’est pas de la mauvaise gestion, avance-t-il. On surveille beaucoup nos liquidités. On a eu des départs qu’on n’a pas remplacés et on a établi un gel de dépenses. »

Il mentionne que l’Alchimiste s’est aussi diversifiée en produisant du cidre et en brassant à forfait pour de plus petits joueurs. De plus, elle a les capacités pour collaborer avec de nouveaux partenaires.

Malgré les déboires de nombreuses microbrasseries récemment, il croit que sa PME peut gagner des parts de marché.

« On répond à la demande d’un consommateur qui surveille son portefeuille, affirme-t-il. On est en excellente posture avec un super rapport qualité-prix. Puisque l’Alchimiste existe depuis 22 ans, on veut devenir un choix rassurant. »

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