[Illustration : Sébastien Thibault]
Dans l'imaginaire collectif, toute invention mène à un brevet. En affaires, c'est loin d'être le cas. Quand breveter ? Avec quel objectif ? Et à quel prix ? Voilà des questions auxquelles font souvent face les entrepreneurs innovants.
Il y a trois manières principales de protéger sa propriété intellectuelle, explique Patrick Cohendet, professeur à HEC Montréal spécialisé en gestion de l'innovation. Soit on procède par secret industriel, en gardant les connaissances aussi bien cachées qu'une bonne main au poker. Soit on ouvre complètement son jeu, comme vient de le faire Tesla pour sa voiture électrique. Ou alors on fait breveter nos innovations.
Il s'agit d'une décision stratégique de grande importance. «Dans certains secteurs, comme le pharmaceutique, il est indispensable de protéger les innovations par un brevet, poursuit le professeur. Mais dans d'autres domaines, le plus important est d'arriver rapidement au marché. Un produit électronique, par exemple, deviendra obsolète sur le marché après six mois, alors qu'obtenir un brevet prend un an.»
Il faut aussi se rappeler qu'un brevet est une formule, qui explique en détail comment l'innovation a été réalisée. Dans certains cas, ces indications permettraient à un concurrent de reproduire l'innovation, tout en présentant juste assez de différences pour contourner le brevet. Les entreprises préféreront alors ne pas faire breveter leur nouveauté, question d'en garder le secret.