Une telle politique monétaire permettrait-elle au Canada de tirer son épingle du jeu? Rien n’est moins sûr. En effet, le maintien d’une politique monétaire accommodante sur une trop longue période est loin d’être sans risques. C’est que les taux bas incitent les consommateurs à l’endettement excessif et découragent l’épargne. La Réserve fédérale (Fed) a d’ailleurs été critiquée pour avoir participé à la bulle immobilière américaine, en maintenant des taux bas trop longtemps durant la dernière décennie.
À présent, le hic, c’est l’inflation. Car, autant les banques centrales ont assoupli les conditions monétaires à un rythme formidable durant la dernière récession, autant pourraient-elles être forcées de les normaliser très vite si elles tardent trop à le faire. Les experts de Desjardins partagent ainsi l’avis de la Banque des règlements internationaux dans son dernier rapport annuel : «Les risques d’inflation ont globalement augmenté, sous l’effet conjugué d’une diminution des capacités inutilisées et d’un renchérissement des denrées alimentaires, de l’énergie et des autres produits de base. Le danger inflationniste qui, après les grandes économies émergentes, menace aujourd’hui les économies avancées, renforce les arguments en faveur d’un relèvement généralisé des taux directeurs. Cependant, certains pays doivent mettre en balance la nécessité de procéder à un resserrement monétaire et les vulnérabilités liées à des bilans et à un secteur financier encore fragile. Mais, lorsque les banques centrales commenceront à relever leur taux, elles risquent de devoir le faire à un rythme plus rapide que lors des phases de resserrement précédentes.»