La gouvernance, c’est la même chose. Il n’y a pas plus de dérapages qu’avant, simplement moins de secrets. Autrefois, le pdg prenait sa secrétaire comme maîtresse et lui payait un appartement et une voiture avec l’argent de la compagnie. C’était connu, c’était lui le “boss”. Quand au recours au jet de l’entreprise pour usage personnel, il y a à peine dix ans que c’est comptabilisé et encadré. Je pense que ce qui a augmenté ce ne sont pas les dérapages des administrateurs, c’est leur découverte.
Doit-on croire un administrateur lorsqu’il affirme qu’il “ne savait pas”?
Oui. Un pdg peut nous berner n’importe quand. Je siège au conseil de la société française Saint-Gobain. Nous avons une amende d'un million d’euros pour fixation des prix. Pensez-vous que moi, Robert Chevrier, j’étais au courant ? N’importe quel administrateur peut se faire avoir. Nous ne contrôlons à peu près rien. Notre seul pouvoir consiste à nous assurer que de bons mécanismes de contrôle sont en place.
Est-ce normal d’accorder une prime à un pdg que l’on congédie ?
Normal, non. On le fait pour des raisons légales. Refuser d’accorder une prime équivaut à reconnaître qu’il y a une cause, que le pdg est coupable de quelque chose. Il faut des preuves. Le fardeau repose sur les épaules de l’entreprise. Alors, on accorde la prime, quitte à la reprendre plus tard si le pdg est condamné.