En annonçant haut et fort, lors de sa dernière assemblée annuelle, qu'il était désireux de réaliser une acquisition majeure dans le secteur de la pharmacie, l'épicier québécois Metro envoie un signal au marché afin de tester l'intérêt de vendeurs potentiels, selon les experts.

Ces derniers n'excluent pas que la cible idéale de Metro soit le géant québécois de la pharmacie Jean Coutu. " Si Jean Coutu était à vendre, Metro serait sûrement intéressée ", affirme Christine Décarie, gestionnaire de portefeuilles au Groupe Investors.

Les synergies entre les deux groupes sont en effet nombreuses, souligne-t-elle, puisque de plus en plus de chaînes d'alimentation intègrent une offre pharmaceutique dans leurs établissements. De plus, l'ajout du volume d'affaires de Jean Coutu entraînerait des économies d'échelle pour le petit réseau de pharmacies que possède Metro (détenteur notamment de la bannière Brunet).

Cela dit, peu de gestionnaires croient possible une telle transaction à court terme. " Il y a des synergies évidentes, mais la famille Coutu veut-elle vendre ? " demande Philippe Le Blanc, président de Cote 100.

" Il faudrait pour cela que François Jean [le pdg et fils du fondateur Jean Coutu] commette des erreurs graves, et cela deviendrait une sortie de secours ", confie un analyste sous le couvert de l'anonymat. Cet expert pense également que Metro pourrait s'intéresser à la bannière indépendante Familiprix.

Il reste que Metro a l'habitude des stratégies à long terme. Le pdg de l'entreprise, Eric R. La Flèche, rappelait en conférence de presse, le 26 janvier, que Metro avait dû patienter plusieurs années avant de pouvoir mettre la main sur l'ontarienne A&P à un juste prix. La transaction de 1,7 milliard de dollars a finalement été réalisée en 2005.