M. Yu note qu’Hamilton considérait dans sa théorie quatre attitudes types dans nos comportements sociaux, à savoir l’égoïsme, la coopération, l’altruisme et la méchanceté. Que la méchanceté survenait lorsque l’acteur et le bénéficiaire étaient «négativement liés» sur le plan génétique, à savoir lorsque l’un ressentait le besoin vital de supprimer l’autre. Et surtout qu’elle n’était pas creusée comme elle devrait l’être…
Ainsi, le chercheur est parti de l’hypothèse tous les êtres humains ont l’irrépressible volonté d’exceller, et donc de briller plus que les autres. En conséquence, la méchanceté est un moyen comme un autre de parvenir à nos fins.
Mais quel type de méchanceté? M. Yu en a considéré deux grandes familles : la méchanceté hamiltonienne et la méchanceté gratuite. Puis, il s’est livré à différents calculs économétriques visant à estimer les bénéfices que l’on pouvait en retirer.
> La méchanceté hamiltonienne. Elle suppose un coût pour l’acteur, si bien qu’elle n’est pas très fréquente. Un exemple amusant : les maisons revanchardes. L’une d’elles, établie au 44 Hull Street de Boston (Massachusetts), a une histoire rigolote. En 1874, deux frères ont hérité d’un terrain vierge dans le nord de la ville. L’un est parti à la guerre, et l’autre en a profité pour y bâtir une immense maison occupant l’essentiel de l’espace. À son retour, le frère floué a réagi en construisant une minuscule maison dans l’étroit espace restant, bouchant ainsi la vue et l’entrée de la maison principale! (avis aux curieux, cette bâtisse insolite, surnommée The Skinny House, existe toujours et est occupée…)
Après calcul, M. Yu a découvert que la méchanceté hamiltonienne pouvait théoriquement se justifier dans deux cas de figure : lorsque l’acteur s’en prend ainsi à l’ensemble des membres d’un groupe ; et lorsqu’il s’attaque de la sorte à des individus a priori supérieurs à lui.