M. Marsat a eu l’intelligence de recueillir des commentaires des courtiers concernés, dans l’espoir de comprendre un peu mieux les motivations de leur décision. L’un d’eux a dit, par exemple : «Je suis quelqu’un de rationnel, c’est pourquoi j’ai suivi l’opinion des analystes». Mais cela n’expliquait pas grand chose. Le chercheur a donc creusé les données concernant le degré de confiance en eux des uns et des autres et il a découvert un point très intéressant : ceux qui dès le départ une grande confiance en eux n’ont pas été sensibles au consensus ni au risque de voir leur réputation prendre un méchant coup en cas d’erreur; inversement, ceux qui avaient peu confiance en eux y ont été particulièrement sensibles.
Mieux, le chercheur était en mesure de voir ce qui a le plus influencé ceux qui doutaient d’eux. L’opinion des autres? Leur réputation? La réponse est : l’atteinte à leur réputation. «Les courtiers qui n’étaient pas trop sûrs d’eux au départ ont suivi le groupe pour deux raisons principales : éviter de prendre une mauvaise décision; éviter d’assumer seuls les conséquences d’une décision erronée», précise M. Marsat dans son étude.
C’est bien simple, pour vous comme pour moi, plus les risques sont grands de voir notre réputation endommagée par l’une de nos décisions, plus nous avons tendance à agir comme des moutons.
Un proverbe tibétain dit : «Il vaut mieux avoir vécu vingt-cinq jours comme un tigre qu’un millénaire comme un mouton»…