Ainsi, les cobayes ne voulaient pas se distinguer du groupe. Ils ne souhaitaient pas avoir une vue divergente et exprimer celle-ci à voix haute, même si en leur fort intérieur ils savaient qu'ils agissaient mal, c'est-à-dire contre leur conviction profonde.
Idem, nombre de cobayes ont indiqué qu'ils se sentaient sous pression, face à l'uniformité des réponses des autres. Et que cette pression était si forte qu'ils ne lui ont pas résisté.
M. Asch a répété l'expérience des centaines de fois. Il a constaté que 20 à 40% des gens préfèrent suivre l'opinion générale plutôt que de s'y opposer. Comme des moutons qui suivent bêtement le troupeau, sans trop réfléchir où cela peut bien les mener, d'après M. Kaptein.
«Si l'on applique ces résultats au milieu du travail, on voit vite les ravages que cela peut occasionner, dit-il. Car en entreprise, il importe d'être intégré au groupe, d'être valorisé par les autres, et donc de faire preuve d'une certaine conformité. On travaille tous les jours en étroite collaboration avec ses collègues, et des résultats communs dépendra l'évolution de votre carrière. Bref, la pression sociale y est énorme. En conséquence, rien ne vous incite a priori à exprimer votre individualité, pour ne pas dire votre personnalité.»
L'ennui, c'est que le grand nombre n'a pas toujours raison. Si chacun se met donc à suivre le mouvement général, l'ensemble du groupe risque fort d'aller droit dans le mur.
Autre problème : l'innovation. Les idées neuves viennent, par nature, de ceux qui dévient de la pensée commune. Elle proviennent d'un individu, pas d'un groupe de personnes, dont le réflexe, bien souvent, est de "tuer" tout ce qui dérange, tout ce qui déroge à ses règles.