Ainsi, les deux chercheurs ont procédé à cinq expériences visant à répondre à une interrogation : «Notre conception du temps a-t-elle une incidence, ou pas, sur notre volonté de nous atteler à une tâche?». De fait, notre façon de percevoir un deadline varie, allant du «Zut, je vais manquer de temps!» au «Oh, oh, je n'ai plus beaucoup de temps, mais ça devrait quand même aller!», d'où l'intérêt de voir si cela a un impact, ou non, sur notre décision de nous mettre aussitôt au travail ou de plutôt baisser les bras.
Je vais vous décrire quelques-unes de ces expériences, car elles sont riches d'enseignements. Dans la première, il a été proposé à 295 fermiers indiens un prêt d'argent exceptionnel, à condition que celui-ci soit mis de côté pour payer, plus tard, les études de leurs jeunes enfants. À leur insu, les participants ont été placés dans des conditions différentes :
> D'ici la fin de l'année. La moitié des fermiers ont été rencontrés au mois de juin et il leur a été dit qu'il leur fallait impérativement déposer l'argent sur un compte spécial avant la fin de décembre. Sans quoi, le prêt serait annulé.
> D'ici le début de l'année prochaine. L'autre moitié des fermiers ont été rencontrés en juillet et il leur a été dit qu'il leur fallait impérativement déposer l'argent sur un compte spécial avant la fin de janvier. Sans quoi, le prêt serait annulé.
Que s'est-il passé, à votre avis? Rien de particulier, c'est ça? Tous ont immédiatement mis l'argent de côté afin d'assurer l'avenir de leurs bambins, comme nous l'aurions tous fait? Eh bien, accrochez-vous :
> Un écart considérable. 32% de ceux qui devaient agir avant la fin de l'année ont aussitôt déposé l'argent sur le compte spécial. En revanche, ça n'a été le cas que de 8% des autres, soit ceux qui avaient jusqu'au début de l'année suivante pour s'exécuter.