Vous pouvez aller plus loin. Une suggestion : reprenez le même exercice (la possibilité de vous parler ouvertement), mais en l’applicant au cas par cas. Vous réaliserez alors que vous ne traitez pas vos employés sur le même pied d’égalité : certains peuvent se montrer franc avec vous, mais d’autres feraient mieux de marcher sur des œufs s’ils ne veulent pas se faire montrer la porte. Qu’en pensez-vous?
Idem, vous pouvez envisager de faire votre auto-évaluation de capabilité. Là encore, je vous invite à vérifier si vous avez un accès privilégié ou non au bureau de votre supérieur hiérarchique. Ou tout autre sujet qui vous semble à propos… Et toujours dans l’idée d’affiner la méthode, évaluez les deux critères – liberté et capacité – en fonction d’une échelle de notation (par exemple, de 1 à 10, 10 étant le meilleur score possible).
Une fois cela en tête, l’idée est d’améliorer sa propre capabilité, voire celle des autres, c’est-à-dire de trouver un truc pour rendre possible ce qui ne l’est pas encore. Dans la même entrevue, Amartya Sen donne une piste très inspirante à cet égard : «La capabilité peut être améliorée par différents moyens. Vous avez notamment des gens qui ne sont pas autorisés à faire certaines choses ; leur accorder des libertés peut être très important pour leur capabilité», dit-il.
«Souvent, on réfléchit à ce qui arrive à un groupe entier, ajoute-t-il. Mais nous sommes des êtres humains individuels. Nous avons des intérêts, des valeurs et des jugements différents. Il faut partir des individus (pour arriver à un résultat probant).»
Une vision qui fait de cet économiste l’un des grands philosophes de notre temps…