Pour ceux qui ont appris qu’ils étaient mieux payés, aucune réaction particulière, aucun changement notable dans leur comportement au travail. Ils ont été par la suite tout aussi heureux de travailler qu’auparavant, et – c’est à souligner – pas forcément plus. Non, pas de petite jubilation de savoir qu’ils s’en sortaient mieux que les autres sur le plan salarial.
En revanche, pour ceux qui ont découvert qu’ils touchaient moins que leurs collègues, le choc a été rude. Ils ont trouvé cela injuste et ont estimé, du coup, qu’ils n’étaient pas payés à leur juste valeur, alors que bien souvent ce n’était pas du tout ce qu’ils pensaient jusque-là. Puis, ils ont eu le sentiment d’avoir moins de plaisir qu’auparavant à travailler. Enfin, et ce de manière significative, nombre d’entre eux se sont mis à la recherche active d’un nouvel emploi ailleurs!
Ce n’est pas tout. Les chercheurs ont aussi noté que ceux qui avaient eu une réaction négative face aux informations confidentielles auxquelles ils ont eu accès avaient désormais une sale opinion de l’Université de Californie. Ceux-ci considéraient que c’était un employeur injuste, qui pratiquait une politique salariale discriminatoire. Ouch!
On le voit bien, cette étude est riche d’enseignements. Je pense notamment à la récente mode américaine d’inclure une clause spéciale dans certains contrats de travail, laquelle empêche catégoriquement l’employé de discuter de salaire avec ses collègues, sous peine de licenciement. Cette clause fait jaser, au point d’avoir été interdite dans certains États. «Pourtant, il semble qu’elle ne soit pas si stupide que cela, si l’on veut que tous les membres de l’organisation aient le sentiment d’être payés équitablement», considèrent les chercheurs.
Toute vérité n’est-elle alors pas bonne à dire? Peut-être pas en matière de salaires, qui est un sujet on ne peut plus tabou dans notre société occidentale. Mais voilà, Cicéron – dans Les Devoirs – et consorts ont déjà réfléchi sur le sujet et sont arrivés à la même conclusion : mieux vaut une terrible vérité qu’un doux mensonge…