Regardons tout d’abord de quoi il s’agit… Les deux chercheurs américains se sont penchés sur le domaine de la prise de décision, fertile en théories en tous genres qui veulent toutes, ou presque, que nos choix soient les plus rationnels possibles, mais qui butent sur un écueil ennuyant, le fait que nous ne pouvons, en pratique, jamais faire le choix optimal, car nous souffrons tous de «perceptions imparfaites». Eh oui, notre mémoire, par exemple, nous joue parfois des tours, au point de nous faire croire dur comme fer à des vérités qui n’en sont pas, ou bien nos capacités intellectuelles limitées ne nous permettent pas de tenir rigoureusement compte de toutes les données nécessaires pour trouver la bonne solution au problème rencontré.
Ils se sont demandés s’il était possible d’intégrer cette déficience typiquement humaine dans les différentes théories sur la prise de décision en vigueur actuellement. Une déficience qui se traduit sur le plan mathématique par l’insertion dans les calculs de variables aléatoires. Soit une approche stochastique.
Stochastique? Un terme qui peut faire peur a priori, mais qui signifie tout bonnement l’étude de l’évolution d’une variable aléatoire. Pour faire simple, on peut dire que de nombreuses sciences utilisent des observations en fonction, par exemple, de la variable du temps. Dans les cas les plus simples, ces observations se traduisent par une courbe bien définie. Mais dans d’autres cas, il se peut que les informations dont on dispose sur l’objet étudié manquent de précision au fil du temps, si bien qu’il faut alors introduire des probabilités. Dans ce cas-là, nous sommes face à l’évolution d’une variable aléatoire, et donc à la stochastique.
La question est par conséquent de savoir si l’on peut mettre au point un nouveau modèle de prise de décision, qui tient compte de nos déficiences. Un modèle, bien entendu, efficace. Pour cela, les deux chercheurs ont, dans un premier temps, inséré la notion de variabilité dans certains calculs récurrents dans la plupart des théories de la prise de décision. Et ils ont regardé si cette «greffe» prenait, ou pas. Résultat, sur le plan purement mathématique : oui, ça marche. Et – ô surprise! –, ça fait mieux que marcher, ça donne même une piste d’amélioration dans nos prises de décision...