Un moteur que certains, fort heureusement, manient à merveille, et dont nous gagnerions à nous inspirer. Un exemple frappant : les écrivains. Une étude a en effet montré que le profil psychologique des écrivains avait, en général, ceci d'étrange, pour ne pas dire de paradoxal : ils sont proches d'être catalogués comme des psychopathes, vu les résultats de leurs tests, et semblent pourtant afficher une très bonne santé mentale, selon les mêmes tests!
Qu'est-ce que ça signifie? Quelque chose de très simple, en vérité : ils font preuve d'une très grande ouverture d'esprit. «Faire preuve d'ouverture d'esprit, être curieux de l'ensemble du spectre de la vie - tant le Bien que le Mal, tant la Lumière que l'Ombre - est ce qui permet aux écrivains de rendre leurs personnages et leurs histoires crédibles, tout en traitant de sujets que nous associons souvent à la maladie mentale. Et mieux, c'est ce qui leur permet de devenir plus solides sur le plan psychologique, puisque cela leur permet de mieux comprendre les ressorts de l'être humain, et donc les leurs», expliquent les deux auteurs dans leur livre.
Autrement dit, c'est l'appétence qui fait les bons écrivains. Et qui peut donc faire de vous quelqu'un de plus créatif. Comment? En vous forçant, lorsqu'il vous faut brasser des idées neuves, à regarder l'ensemble du spectre de celles-ci, tant leur côté positif que leur côté négatif, et en ne craignant plus de regarder jusqu'où elles pourraient vous mener si vous les concrétisiez. Bref, en ouvrant votre esprit à toutes les possibilités. Toutes, toutes, toutes. Si, si...
> B pour Béatitude
Comme moi, vous connaissez sûrement des personnes qui affirment qu'elles ne se montrent créatives que lorsque le deadline est serré. Sans date butoir, elles disent traîner, tergiverser, niaiser, quoi. Or, elles se trompent. Lourdement.
Des études montrent que ces personnes-là affichent, en fait, un score élevé en matière de stress et un faible score en matière de potentiel créatif. Ce n'est pas tout. Elles ont également un faible score en matière de motivation intrinsèque et un score élevé en matière de motivation extrinsèque. Qu'est-ce à dire? Que ces personnes sont écrasées par la pression, à tel point qu'elles ne sont plus en mesure de fournir le meilleur d'elles-mêmes : elles ont peut-être la capacité d'émettre plein d'idées nouvelles, mais des idées sans réel intérêt.
Les écrivains, eux, fonctionnent tout autrement. «Ils ressentent un immense plaisir à brasser des idées neuves, une véritable joie à se plonger corps et âme dans l'innovation. Ils ne se soucient pas une seconde du fruit qui résultera de ce travail, ni même d'un éventuel deadline, car tout ce qui les intéresse, c'est le bonheur qu'ils ressentent dans le moment présent», disent Scott Barry Kaufman et Carolyn Gregoire.
Autrement dit, la clé, c'est la béatitude au moment d'innover. C'est-à-dire l'émerveillement euphorique que l'on ressent lorsqu'on est plongé dans un travail créatif. Un émerveillement que l'on peut développer en oeuvrant, par exemple, comme le font les écrivains : en réunion de brainstorming, vous pouvez vous donner comme mission de rédiger ensemble une histoire à partir des idées émises ici et là, de recourir à ce qu'on appelle le storytelling.