> Conseillés. Une partie des participants à l'expérience jouaient le rôle des conseillés. Il leur fallait, par exemple, dire le nombre exact de points figurant sur un écran d'ordinateur (il y en avait des centaines), alors même qu'ils ne pouvaient en voir qu'un tout petit carré en son centre.
> Premiers conseillers. Une autre partie des participants jouaient le rôle des premiers conseillers. Ils connaissaient le nombre exact de points figurant sur l'écran, mais étaient financièrement incités à ne pas donner l'heure juste à leur conseillé : si jamais celui-ci indiquait au final un nombre de points nettement supérieur à la réalité, ils empocherait une prime conséquente. Leur dilemme, c'était qu'ils savaient que leur conseillé ferait appel aux lumières d'un second conseiller, et que leur roublardise risquait fort d'être déjouée.
> Seconds conseillers. Une dernière partie des participants jouaient le rôle des seconds conseillers. Ceux-ci n'étaient payés que si leur conseillé indiquait un nombre de points très proche de la réalité. Leur difficulté : ils ne connaissaient pas le nombre exact de points figurant sur l'écran d'ordinateur, mais avaient accès à un plus grand carré que celui présenté aux conseillés, ce qui leur permettait de se faire une idée relativement juste du total de points.
Fascinant, n'est-ce pas? Car cela permet de découvrir les cas de figure où il vaut mieux faire appel aux lumières avisées d'une ou de deux personnes, sachant que ces personnes-là, de toute manière, sont biaisées : ça peut en effet être le collègue que l'on apprécie grandement, mais dont on sait bien que l'objectif premier est de faire carrière, quitte à marcher sur les pieds d'autrui; ou encore, comme on vient de le voir, le consultant professionnel qui n'est pas si franc du collier que ça, pour des raisons qui lui sont propres.
Qu'est-ce que ces expériences ont permis à Mme Sah et à M. Loewenstein de trouver? Tenez-vous bien, ceci :
> Avantage à recueillir non pas un, mais deux points de vue. Les conseillés prennent, en général, de meilleures décisions lorsqu'ils font appel aux lumières non pas d'une, mais de deux personnes. Et ce, même si l'un comme l'autre sont plus ou moins biaisées dans leurs conseils. Une seule exception, toutefois : si jamais le second point de vue provient d'une personne peu compétente qui a, de surcroît, le culot de demander le gros prix pour ses conseils, alors le conseillé est assuré d'aller droit dans le mur ; car il sera totalement dérouté par ce que lui aura dit de faire ce conseiller-là.