Du coup, de nombreux licenciés individuels doivent utiliser par eux-mêmes les ressources de placement de Service Canada ou des agences et prestataires de services à l'emploi locaux. «Le jeu des règles régissant les indemnités de licenciement et l'accès à l'assurance-emploi fait que certains d'entre eux n'entrent en contact que tardivement avec Service Canada et très certainement aussi avec le SPE, alors qu'ils sont depuis longtemps déjà au chômage», indiquent-ils. Et de souligner : «Ces retards expliqueraient pourquoi 52% des travailleurs licenciés ne retrouvent pas un emploi au cours de la première année qui suit la perte d'emploi».
Que faire? Deux pistes seraient à envisager, d'après les experts de l'OCDE :
> Connecter plus vite les personnes recevant des indemnités de licenciement aux services de l'emploi, en dissociant l'accès à ces services de l'admissibilité aux prestations d'assurance-emploi.
> Durcir les obligations pesant sur les travailleurs pour qu'ils recherchent activement un nouvel emploi et s'inscrivent auprès du SPE durant leur période de préavis, ou dès leur licenciement effectif, qu'ils reçoivent ou non des indemnités de licenciement. «Le non-respect de ces obligations devrait avoir des conséquences sur l'accès à l'assurance-emploi», recommandent-ils.
> Le risque de sombrer dans la pauvreté est réel
La durée de versement des prestations, d'environ dix mois, est plus courte au Canada que dans les autres pays de l'OCDE, de sorte que les licenciés économiques qui connaissent une longue période de chômage risquent de subir une «forte dégradation» de leur niveau de vie. «Si la durée plus courte est de nature à encourager un retour plus rapide à l'emploi, elle peut aussi élever le risque de pauvreté pour les catégories les plus vulnérables de travailleurs licenciés, surtout compte tenu des critères stricts régissant l'accès aux prestations de dernier recours comme l'aide sociale», indiquent les experts de l'Organisation.
Comment remédier à cette situation dramatique? Deux mesures alternatives devraient être envisagées pour compenser les pertes de salaire importantes subies par les travailleurs expérimentés, selon eux. Soit :
> Prolonger la durée des prestations d'assurance-emploi, avec un taux de remplacement dégressif en fonction de la durée du chômage.
> Adopter un dispositif d'assurance-salaire, à savoir une subvention permettant de combler au moins en partie l'écart entre le nouvel emploi et le précédent pour ceux qui acceptent un nouvel emploi moins bien rémunéré. «L'assurance-salaire est de plus en plus considérée comme une bonne manière de compenser une partie des pertes de revenu persistantes subies par certains travailleurs licenciés, en particulier les travailleurs âgés», soulignent les auteurs de l'étude.
Voilà. Retrouver un emploi est loin d'être chose aisée au Canada, l'étude de l'OCDE en atteste sans ambiguïté. Mais surtout, il semble possible d'atténuer les difficultés rencontrées par les personnes les plus vulnérables, si seulement des décisions politiques étaient prises en ce sens. C'est du moins ce que soutienne les experts de l'Organisation. Reste à savoir si cela fera vibrer une corde sensible chez les candidats au poste de premier ministre du Canada, ou pas...
En passant, Harry Truman, le 33e président des États-Unis, disait : «Il y a récession quand votre voisin perd son travail, dépression quand vous perdez le vôtre».
Découvrez mes précédents billets
Ma page Facebook
Mon compte Twitter