Ainsi, les deux experts en gouvernance d’entreprise ont regardé ce qui se passe lorsqu’un PDG met l’arme à gauche et ont noté que deux phénomènes se produisent immanquablement : d’une part, l’entreprise annonce le décès de son PDG; d’autre part, elle annonce le nom de son successeur. Et chaque phénomène a son importance, ici évaluée par la variation de la valeur du titre boursier de l’entreprise.
> L’annonce du décès. Deux réactions sont alors possibles : la valeur du titre baisse, signe que la disparition du PDG est une perte importante pour l’entreprise; ou bien elle monte, signe que l’entreprise a l’occasion d’améliorer sa performance, en changeant de tête dirigeante.
> L’annonce du successeur. Idem, la valeur du titre boursier peut s’accroître, signe encourageant pour le nouveau PDG, ou au contraire reculer, signe inquiétant pour lui.
Lorsque Gerald Pencer, le PDG de Cott, est mort du cancer en février 1998, la valeur du titre a bondi de 8,1%. Pourquoi? Vraisemblablement parce que les investisseurs savaient que Pencer et sa famille détenaient 29% des parts de Cott, et considéraient que ce decès allait accélérer les changements au sein de l’entreprise spécialisée dans les boissons gazeuses, voire pousser la direction à vendre. Et quand, cinq mois plus tard, Frank Weise, un ex-haut dirigeant des soupes Campbell, a été nommé à sa place, le titre a connu une nouvelle embellie, de 6,5%. Cette fois-ci, les investisseurs ont vu d’un bon œil le fait que cette nomination ait été annoncée en même temps qu’un investissement de 110 millions de dollars américains par la firme Thomas Lee. Car cela signifiait que l’entreprise avait la ferme intention de se développer et d’innover.
«Les variations de valeur des titres boursiers sont des indicateurs intéressants, en ce sens qu’elles indiquent si une entreprise était vraiment préparée au pire, ou pas. Et au-delà, si sa haute direction est réellement prévoyante, ou relativement aventureuse dans son approche de la gouvernance», disent MM. Larcker et Tayan dans leur article.
Les deux professeurs de Stanford en sont venus à la conclusion qu’il convenait de se poser quatre questions pour savoir si l’on est prêt au pire :