L’art de frapper en secret
«Les Éphores avertis que Cinadon manigançait de troubler l’ordre publique, envoyèrent en secret quelques cavaliers à Aulon, ville de la Laconie, puis confièrent une «mission secrète» à Cinadon, escorté de deux hommes, dans cette même ville. À l’arrivée de celui-ci dans la ville, les cavaliers le capturèrent et le torturèrent. Ils apprirent de lui les noms de ses complices, et les envoyèrent aux Éphores, qui les firent mourir sans bruit, et en l'absence de celui qui les avait dénoncés.»
«Denis voulant savoir ce que pensaient de lui ceux qui étaient sous son pouvoir, fit dresser la liste de toutes les chanteuses et autres «courtisanes». La plupart s'imaginèrent que c'était pour établir un nouvel impôt. Mais Denis n'en mit aucun sur ces femmes. Il les fit torturer pour les forcer à lui rendre compte de tout ce qu’elles avaient entendu dire contre la tyrannie par leurs clients. Ces derniers furent, pour certains, tués, pour les autres, exilés.»
Voilà… Bien entendu, on parle ici de ce qui se passait en Grèce il y a de cela une vingtaine de siècles, mais ne trouvez-vous pas que des parallèles peuvent être aisément faits avec aujourd’hui? Denis, les Éphores et autres Athéniens ne vous font-ils pas penser à des collègues de bureau ou à des confrères évoluant chez un concurrent direct? Alors, pour ceux que ça intéresserait d’en savoir davantage sur Polyen et son Stratagemata, je les invite à se procurer Ruses diplomatiques et stratagèmes politiques de Polyen (Mille et une nuits, 2011).
En passant, l’écrivain français Joseph Kessel a dit, un jour : «Changez vos stratégies et tactiques, mais jamais vos principes»…