> Intelligence. «Il aimait à dire qu’il aimait mieux la victoire due à l’intelligence que celle résultant du seul usage de la force». «Durant son conflit avec Petreius et Afranius, la chance lui offrit l’occasion de prendre l’avantage sur ses ennemis, mais il refusa de saisir celle-ci, car il ne voulait pas venir à bout de ses adversaires par sa bonne fortune».
> Bravoure. «En cette grande bataille qu’il eut contre ceux de Tournay, il courut se présenter au front, sans bouclier». Autre exemple cité par Montaigne : «Passant avec un seul vaisseau le détroit de l’Helespont, il rencontra en mer Lucius Cassius, qui lui avait dix gros navires. Il eut le courage non seulement de l’attendre, mais aussi d’aller droit sur lui et de le sommer de se rendre. Et il en vint ainsi à bout».
> Flamboyance. «Il avait pour habitude de porter un riche accoutrement au combat, de couleur éclatante, pour se faire remarquer».
> Aura. «Jamais chef de guerre n’eut tant d’ascendant sur ses soldats». «Une de ses cohortes résista quatre heures durant aux assauts de quatre légions de Pompeius, jusqu’à ce qu’elle fut complètement criblée de centaines de milliers de flèches. Un soldat dénommé Scaeva, qui tenait l’une des entrées de la position retranchée, resta à son poste en dépit d’un œil crevé, d’une épaule et d’une cuisse percées ainsi que de son écu transpercé en deux cent trente endroits».
Impressionnant, n’est-ce pas? Pour devenir un leader exceptionnel, du moins digne de César, il convient de réunir toutes ces qualités. Et si, plus modestement, on tient à s’améliorer en tant que leader, eh bien, on dispose ainsi d’une liste intéressante de qualités à travailler…
Ce que je note, quant à moi, c’est que tant Coriolanus que César avaient d'immenses qualités – la transparence, la bravoure, la ruse, l'aura, etc –, mais se distinguaient sur un point majeur : la souplesse. Oui, la souplesse d'esprit. Coriolanus s’est mis à haïr le peuple, qui n’avait pas voulu lui accorder sa confiance, et s'est braqué à mort contre lu. Rien , ou presque, n'a réussi à lui faire changer d'idée, à lui faire comprendre qu'il était dans l'erreur. Il est ainsi passé du statut de héros à celui de traître, et le fait de le réaliser – lui qui ne jurait que par la fidélité et la constance – l’a fait trembler, et par suite, échouer.
En revanche, César, lui, était remarquable de souplesse. Chacun de ses actes en témoigne : il sait s,adapter à la situation, et donc plier quand cela est nécessaire, sans jamais rompre pour autant. Et on notera que César est entré dans l'Histoire, pas vraiment Coriolanus…
En passant, le marquis de Vauvenargues, un moraliste français du XVIIIe siècle, aimait à dire : «Il est bon d’être ferme par tempérament, et flexible par réflexion»…