On le voit bien, le risque à vouloir trop bien faire, c'est de ne plus être vraiment efficace. C'est de gaspiller ses forces. C'est même de nuire à soi-même et à l'écosystème dans lequel on se trouve.
Tout cela, je l'ai compris grâce à une étude remarquable d'intelligence, intitulée The pursuit of malevolence: Minimizing corporate social irresponsability to maximise social welfare. Celle-ci est le fruit du travail de trois chercheurs de l'École de management HHL de Leipzig (Allemagne) : Christina Kleinau, chercheuse en économie et en éthique; et Henning Zülch, professeur en comptabilité et audit, assisté de son étudiant Christian Kretzmann. Voici de quoi il s'agit…
Les trois chercheurs allemands ont eu l'envie de bousculer une idée reçue, à savoir qu'il était forcément bénéfique pour une entreprise de se montrer de plus en plus soucieuse de son impact positif sur son écosystème. Toute la subtilité résidait dans le «forcément bénéfique» : le «forcément» méritait d'être vérifié, quant au «bénéfique», d'être précisé pour qui.
Aussi ont-ils analysé en profondeur les études récentes en lien avec deux approches distinctes du concept de responsabilité environnementale et sociale. L'approche du "prix Nobel" d'économie Milton Friedman et celle d'Edwin Dodd, professeur de droit à Harvard :
> Milton Friedman. Il a dit en 1970, six années avant de décrocher son "prix Nobel", que «la responsabilité sociale de l'entreprise consiste tout bonnement à accroître ses profits, en respectant les lois et l'éthique en vigueur». Une vision que rejoignent des sommités comme Michael Jensen, de Harvard, et Dick Brealey, de la London Business School.
> Edwin Dodd. Il a dit en 1932 que les entreprises avaient la responsabilité d'«user sagement de leur pouvoir», et donc d'avoir une «contribution positive» au milieu dans lequel elles se trouvent. Une vision que partagent, entre autres, Keith Davis, professeur de management à l'Université d'État d'Arizona à Tempe (États-Unis), et Stephen Swallow, professeur d'économie à l'Université du Connecticut à Storrs (États-Unis).
Qu'est-il ressorti de cette analyse? Des choses fort intéressantes, ma foi :