7. Méfiez-vous des "profonditudes"
«Une "profonditude" – un terme inventé par feu mon ami Joseph Weizenbaum – est une proposition qui semble importante, vraie et profonde, mais qui en réalité n'est qu'ambiguë. Quand on l'entend ou quand on la lit la première fois, elle nous interpelle, elle nous saisit par son apparente profondeur, mais dès qu'on prend le temps de l'analyser, on découvre qu'elle est d'une platitude affligeante.
«Un exemple : "L'amour n'est qu'un mot". Tout de suite, on se dit "Wow! C'est profond! C'est cosmique! C'est renversant, n'est-ce pas?" Mais après, on réalise que cette affirmation est manifestement fausse. L'amour n'est pas qu'un mot, c'est un million de choses, mais pas seulement et uniquement un mot. Il suffit de regarder ce qu'en dit le dictionnaire pour s'en rendre compte.
«Le hic, c'est que toutes les profonditudes ne sont pas aussi faciles à déceler. Un exemple : mon ami Richard Dawkins m'a récemment signalé que Rowan Williams, à l'époque où il était l'archevêque de Canterbury, avait dit pour décrire sa foi qu'elle était "une attente silencieuse dans la vérité, une respiration immobile au cœur d'un point d'interrogation". Je vous laisse juge de ce qu'est cette description…»
Voilà. Ce sont là sept trucs pratiques pouvant vous permettre à l'avenir de penser autrement lorsque le besoin s'en fait sentir, notamment lorsque votre interlocuteur tente de vous coincer dans vos derniers retranchements. Ces trucs vont vous permettre de voir les choses autrement, de saisir ce qui jusqu'à présent vous échappait, et finalement de ne plus vous laisser prendre à certains pièges de la pensée.
En passant, le philosophe français Alain aimait à dire : «Penser, c'est dire "non"».