M. Pellizzari et Mmes Cruciani et Moretti ont donc mis au point un modèle complexe dans lequel ils ont estimé, dans un premier temps, que l'individu avait le choix entre deux possibilités : intégrer un groupe ou un autre, sachant que ni l'un ni l'autre ne lui apporterait quoi que ce soit sur le plan financier. On peut imaginer une personne qui aurait à choisir entre devenir bénévole dans un organisme de bienfaisance ou intégrer la chorale d'une église.
Puis, ils ont fait entrer en ligne de compte une variable permettant de faire un choix : les valeurs. Oui, les valeurs de l'individu et celles des différentes équipes. Deux types de valeurs, pour être plus précis : les principales et les secondaires. Les valeurs principales concernent celles qui caractérisent le plus la personne, c'est-à-dire celles sur lesquelles il ne sera jamais possible de faire de compromis; tandis que les secondaires, elles, sont assez souples pour que la personne en question puisse, à l'occasion, fermer les yeux sur ce qui la dérange, pourvu que cela permette d'apaiser ses rapports avec autrui.
Enfin, ils ont multiplié les simulations afin d'optimiser les calculs. Que ce soit en faisant varier la taille des équipes, la répartition des différentes valeurs, ou encore les écarts entre ce que sont les valeurs principales et les secondaires.
Résultat? «Des groupes se forment et coopèrent à merveille dès lors que leurs membres s'identifient les uns aux autres, c'est-à-dire dès qu'ils sentent qu'ils partagent des valeurs fortes. Peu importe alors si l'un ou l'autre ne retire aucun profit direct du travail qui sera fait ensemble, le groupe fonctionnera au mieux sans cela», est-il indiqué dans l'étude.
C'est aussi simple que ça… L'esprit d'équipe découle avant tout des valeurs communes, oui, des valeurs fortes partagées par tous les membres de l'équipe. Et inversement, on en déduit qu'une équipe dysfonctionnelle résulte d'un manque d'uniformité dans les valeurs fondatrices du groupe.
Les trois chercheurs sont allés une coche plus loin dans leur étude. Ils ont intégré une dernière variable : la mémoire. Sans surprise, ils ont constaté que d'un point de vue économétrique, plus une équipe avait la mémoire longue en matière de valeurs fortes, plus elle était soudée dans l'effort.
Que retirer de tout cela? Que pour renforcer la cohésion de l'équipe que vous pilotez, mieux vaut :